Voici la méthode utilisée par les réserves africaines depuis plusieurs années pour éviter le braconnage !

La menace du braconnage en Afrique ne disparaît pas, notamment concernant les rhinocéros et leur corne. Pour tenter de lutter contre ce fléau, une méthode a fait son apparition il y a plusieurs années : l’écornage. Dans une étude publiée en janvier dernier, les chercheurs Sud-africains font part des premières données. Si la méthode s’avère efficace, pour certains chercheurs, les résultats ne sont pas encore à la hauteur de l’investissement.

Une population toujours en déclin, malgré l'écornage
Une population toujours en déclin, malgré l'écornage

L’écornage. Une solution utilisée depuis plusieurs années, pour réduire de façon significative, le braconnage, notamment concernant les rhinocéros. La méthode consiste à couper les cornes du mammifère, afin d'empêcher les braconniers de le faire pour les revendre au marché noir. Une pratique qui doit se renouveler de manière régulière, puisque les appendices repoussent de quelques centimètres durant l’année. Elles sont en effet, en kératine, comme les ongles chez les humains.

Une population de ces mammifères toujours en fort déclin

En effet, pour certains pays, la kératine présenterait des vertus pour l’organisme humain et donc pour la santé. Et ce, bien que cela n’ait jamais été prouvé scientifiquement. Seulement voilà, le résultat est là : de nombreux pays, à l’image du Vietnam et de la Chine, utilisent la kératine présente dans les cornes pour la médecine dite traditionnelle. C’est la raison pour laquelle, malgré la lutte contre le braconnage, la population de rhinocéros, noirs et blancs, continue de baisser.

Des cornes prisées pour leurs supposées vertus médicinales

Mais cette pratique est-elle efficace ? Dans une étude publiée dans Science, le 5 juin dernier, des scientifiques d’Afrique du Sud semblent perplexes au vu des résultats. “Nous n'avons trouvé aucune preuve statistique que ces interventions aient réduit le braconnage (la demande en cornes, les inégalités de richesse, les réseaux criminels intégrés et la corruption se combinent probablement pour favoriser le braconnage, même à haut risque)". Pour les chercheurs, la menace est toujours réelle, car la corruption grandit et la justice se révèle inefficiente.

Le problème, c’est que pas moins de 74 millions de dollars ont été investis dans ces opérations, notamment pour des chiens de pistage, des caméras de surveillance ou encore, des rangers. Pourtant, entre 2017 et 2023, ce sont près de 2 000 rhinocéros qui ont été braconnés, dans onze différentes réserves en Afrique du Sud et au Mozambique. Les chercheurs déplorent des résultats qu’ils jugent ne pas être à la hauteur de l’investissement, aussi bien en termes de temps, que financiers.

L'éléphant, autre victime du braconnage
L'éléphant, autre victime du braconnage

Des propos nuancés par le fait que plus de 700 braconniers aient été stoppés dans leurs activités. L’objectif de cette étude est de prouver l’efficacité de la méthode. Grâce à un échantillon de 2 284 individus, les chercheurs ont pu observer, sur une période de sept ans, les résultats de l’écornage, qui se répète environ tous les 18 mois pour les mammifères. Le chiffre est plutôt encourageant : grâce à cette méthode, le braconnage a chuté de 78%. "En utilisant des données couvrant toutes les réserves et toutes les années, nous avons estimé à 13 % le risque qu'un rhinocéros cornu soit victime de braconnage au cours d'une année donnée, contre 0,6 % pour un rhinocéros écorné, ce qui représente une réduction de 95 % du risque relatif de braconnage", affirment les experts. En effet, l’écornage pousse les braconniers à ne plus se rendre dans les réserves, le risque d’y aller pour rien étant trop important.

Mais cette méthode montre ses limites. D’abord, écorner une partie de la population des rhinocéros d’Afrique pourrait pousser les braconniers à changer de réserves et s’attaquer aux rhinocéros toujours dotés de leur corne. Ensuite, l’étude explique que certains mammifères ayant été écornés ont, malgré tout, été victime du braconnage, car les criminels voulaient récupérer les 5 à 15 centimètres de corne restants à la base. Enfin, les conséquences sur le long terme de l’écornage sont encore méconnues. Une méthode qui ne peut apparemment pas protéger complètement les animaux des réserves.

Références de l’article :

Ecorner les rhinocéros contre le braconnage, est-ce efficace ? Une étude répond

Animaux. L’écornage des rhinocéros, seul moyen efficace de lutter contre leur braconnage ?