Ecotourisme : à la rencontre de la faune sauvage au Gabon
Forêt tropicale préservée, lagune, vagues indomptées, le Gabon a conservé ces espaces sauvages où s'épanouit une faune abondante. Troupeaux d'éléphants, crocodiles, hippopotames et baleines évoluent librement, peu habitués à la présence humaine. La destination est amenée à se développer même s'il reste quelques freins importants.

Au Gabon, les centaines de kilomètres côtiers au sud de Libreville forment une zone où la faune est abondante et la végétation luxuriante. 80% du territoire est recouvert par une forêt tropicale dense et humide, ce qui en fait le deuxième poumon de la planète après l'Amazonie.
Ici, le tourisme reste confidentiel et le plus souvent communautaire. Les Gabonais aisés et les expatriés de Libreville fréquentent les rares hôtels haut de gamme de la péninsule pour s'offrir des journées de farniente, des raids en quad, des tours de jet-ski ou des safaris 4x4 pour voir des singes, des buffles ou des éléphants.
"Le dernier Eden de la planète"
Peu à peu, l'écotourisme se développe autour des treize parcs nationaux qui recouvrent 11% du territoire. Les systèmes naturels ont été préservés et comprennent la plus grande part intacte de la forêt tropicale d’Afrique. Ils contiennent la plus grande concentration d’éléphants de forêt sur le continent, de multiples espèces d’oiseaux, de reptiles, et de mammifères, dont des gorilles, des chimpanzés, des mandrills et des hippopotames et des milliers d’espèces de plantes que l’on ne trouve nulle part ailleurs.

Même si ce pays d'Afrique centrale se présente comme « le dernier Eden de la planète », les touristes étrangers sont rares. Avec 350 000 touristes par an, le Gabon n'a pas encore investi le secteur du tourisme comme il pourrait le faire. « Que ce soit les dirigeants, que ce soit la population, nous n'avons pas la culture touristique parce que nous avons mis l'accent sur le pétrole, avance Pascal Ogowet Siffon, le ministre du Tourisme. Et nous avons oublié le potentiel touristique de notre pays alors que le Gabon peut vivre de son tourisme. » Pascal Ogowet Siffon espère ainsi doubler le nombre de touristes étrangers dans le pays.
Un tourisme de niche
Les freins principaux sont le prix du billet d'avion, qui reste très cher et les formalités de visa. Ainsi, le pays mise principalement sur l'écotourisme et le tourisme d'affaires. Sur la péninsule de la Pointe-Denis, malgré les plages de sable blanc et la vie sauvage qui règle en maître, le River Lodge, un hôtel-restaurant haut de gamme au cadre idyllique, n'ouvre que le week-end à part pour des séminaires.
Autre problème : le réseau routier. « Il y a plein d'endroits magnifiques où on ne peut pas aller parce qu’il n’y a pas d’accès, même en 4x4, déplore Guichely Ngoma, un jeune opérateur de Libreville. C'est un problème qui nous dérange tous, d'autant que la destination Gabon est vraiment chère. » Certains n'hésitent pas à traverser la rivière à la nage pour aller à la rencontre des gorilles dans le parc de Loango ou encore à se faire emmener en bateau par des pêcheurs et à poursuivre en stand-up paddle pour aller à la rencontre des baleines.

Les richissimes amateurs de pêche sportive, eux, prennent l'hélicoptère de Libreville pour accéder au lodge de Sette Cama Adventure, un spot mondialement réputé entre lagune et océan au sud de Loango, avec des séjours « exclusifs » à environ 10 000 euros la semaine, billet d'avion non compris.
« Préserver le côté mystique »
« La demande est supérieure à l'offre », estime le ministre du Tourisme, qui compte sur le potentiel énorme du Gabon, sa forêt vierge et ses 950 kilomètres de côte pour développer un « tourisme sélectif » tout en permettant aux Gabonais de découvrir leur pays à prix abordable. Le guide Gérard Adande mise, lui, sur l'écotourisme pour faire vivre les villages de la Pointe, que les jeunes désertent pour la capitale, laissant la forêt engloutir les maisons abandonnées et les plantations dévastées par les éléphants.
La difficulté selon Juste Loubangoye Ozavino, son neveu forestier, est de réussir à la fois à s'ouvrir à d'autres communautés et à préserver le côté « mystique » de la péninsule. « Nous sommes un peu les gardiens, on a les clefs pour y vivre en harmonie, dit-il. C'est un système aussi bien visible qu'invisible, et il faut respecter certaines conditions pour ne pas irriter les génies des eaux et de la forêt. »
Référence
Gabon, le dernier Eden: pourquoi son tourisme peine à décoller, Géo avec AFP, 10 avril 2025