Pourquoi les autorités françaises n'ont pas pu arrêter l'incendie ravageant l'île d'Amsterdam ?

Les autorités françaises n'ont rien pu faire pour lutter contre l'incendie ravageant l'île d'Amsterdam depuis la mi-janvier dernier, un territoire particulièrement isolé abritant une importante biodiversité en plus d'un site d'observations atmosphériques de renommée mondiale.

Incendie
L'île d'Amsterdam, perdue au milieu de l'océan Indien, est en proie depuis plus de 3 semaines à un incendie incontrôlable - Image via X : TAAFofficiel

La moitié de cette île française située au milieu de l'océan indien est déjà partie en fumée depuis qu'un incendie s'y est déclaré il y a maintenant plusieurs semaines, menaçant de nombreuses espèces mais également une base scientifique importante dans l'étude du réchauffement climatique.

Un territoire français menacé à l'autre bout du monde

L'île d'Amsterdam est un territoire français isolé situé au beau milieu de l'océan indien, à environ 3000km au Sud-Est de l'île de La Réunion. Celui-ci est l'un des cinq districts des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), les quatre autres étant l'archipel Crozet, les îles Kerguelen, la terre Adélie et les îles Éparses.

Cette petite île de 58km², l'équivalent de la moitié de la superficie de Paris, est souvent considérée comme l'une des îles les plus isolées au monde, ce qui en fait un site d'observations atmosphériques de référence mondiale et un enjeu considérable pour la France.

En effet, celle-ci abrite une base scientifique mondialement connue pour ses mesures de gaz à effet de serre et autres polluants atmosphériques, où les concentrations parmi les plus basses de la planète sont enregistrées.

Ces relevés de dioxydes de carbone, de méthane, de protoxyde d'azote ou encore d'ozone servent de marqueurs pour la pollution de l'air et le changement climatique. L'observatoire de l'île d'Amsterdam, abritant une trentaine de personnes, est en effet la station possédant la plus longue série de mesures dans tout l'hémisphère Sud, son programme de suivi de l'atmosphère ayant débuté en 1981.

Néanmoins, ces mesures se sont arrêtées il y a peu, à la mi-janvier 2025. En effet, un gigantesque incendie, dont l'origine reste encore inconnue à ce jour, s'est déclenchée le 15 janvier dernier sur la partie de Nord de cette petite île volcanique avant de se propager sur une large partie du territoire, menaçant l'observatoire et obligeant l'évacuation de ses 31 habitants.

Un feu impossible à stopper

Selon l'informaticien Rémi Chazot, il n'était pas possible pour la trentaine de personnes se trouvant sur place au moment de l'approche de l'incendie de pouvoir lutter contre les flammes, celles-ci prenant la forme d'un véritable mur de feu s'avançant peu à peu vers l'observatoire avec des flammes mesurant entre un et deux mètres. C'est pour cela que l'évacuation de l'île a été rapidement ordonnée, tout le personnel s'échappant à bord de l'Austral, un bateau de pêche à langouste qui passait à proximité.

Aucun moyen de lutte contre un incendie aussi vaste et virulent n'est en effet présent sur cette île, qui ont le rappelle est parmi les plus isolées au monde. Il n'existe pas de piste d’atterrissage pour les avions et l'approvisionnement par bateau est bien trop long pour espérer une lutte rapide et efficace contre les flammes.

C'est pour cela que les autorités n'ont eu d'autre choix que de laisser le feu se propager sur l'île, dont la moitié serait d'ailleurs partie en fumée après trois semaines d'incendie selon les dernières estimations. La base de Martin-de-Viviès aurait également été touchée, certaines infrastructures d'alimentation en eau et de télécommunication n'étant plus opérationnelles selon la préfecture des TAAF.

Aujourd'hui, les images satellite ne permettent pas de savoir si l'incendie s'est arrêté, une incertitude venant notamment du fait que les racines de la végétation locale peuvent continuer à brûler même si les flammes et la fumée ne sont plus visibles depuis l'espace. Une mission de reconnaissance doit donc partir de la Réunion afin de rejoindre l'île après 6 jours de voyage et mesurer l'évolution de l'incendie mais également rechercher ses causes et estimer l'étendue des dégâts.

Outre l'aspect scientifique, ce territoire très reculé constitue également un fort enjeu pour la biodiversité, abritant la plus grande population d'albatros à bec jaune au monde mais aussi une espèce endémique, l'albatros d'Amsterdam. De nombreuses otaries et éléphants de mer viennent également s'y reproduire et un arbre endémique appelé Phylica arborea y est aussi présent. De ce fait, la mission de reconnaissance devra mesurer les effets de cet incendie sur la biodiversité unique de l'île d'Amsterdam, des effets qui s'annoncent malheureusement « majeurs » selon les chercheurs.

Référence de l'article :

Sur l'île Amsterdam, ravagée par les flammes, les autorités françaises n'ont pas d'autre choix que de "laisser faire l'incendie", FranceTVInfo, 11 février 2025