Débris spatiaux : une véritable menace pour le trafic aérien ?

Une récente étude a mis en avant les risques que représentaient pour l'aviation les retombées de débris spatiaux vers la Terre, risques qui devraient se montrer de plus en plus importants à l'avenir.

Debris
De très nombreux débris spatiaux sont en orbite autour de la Terre, retombant parfois vers la Terre en induisant un risque pour l'aviation

Alors que le nombre de débris spatiaux se montre toujours plus important autour de notre planète, les risque de retombées pouvant perturber et même impacter le trafic aérien inquiète de plus en plus les autorités.

Un risque de collision de plus en plus important

Le nombre de lancements d'objets en orbite autour de la Terre augmente de façon significative ces dernières années, à l'image du vaste réseau de satellites Starlink mis en orbite par SpaceX. En conséquence, les retombées incontrôlées de débris de corps de fusées et autres objets spatiaux vers la surface de notre planète augmentent également, et devraient continuer d'augmenter dans les prochaines décennies.

Selon une étude publiée le 23 janvier dernier dans la revue Nature, ces retombées de débris pourraient représenter un certain risque pour le trafic aérien, risque qu'il est important d'évaluer dès aujourd'hui pour pouvoir y faire face à l'avenir et trouver des solutions pour le diminuer.

Dans le cadre de cette étude, des chercheurs de l'Université de la Colombie Britannique de Vancouver ont utilisé les données des transpondeurs Automatic Dependant Surveillance (ADS) pour suivre les avions et identifier des zones à forte densité de trafic. Une fois déterminées, ces zones leur ont ensuite permis de définir des seuils de probabilité de collision entre débris spatiaux retombant dans l'atmosphère et avions de ligne.

Trafic aérien
Densité maximale du trafic aérien (maillage de 0.5) le 1er septembre 2023 - scitools.org.uk/cartopy

D'après leurs résultats, les régions autour des grands aéroports ont 0,8% de chance par an d'être touchées par une rentrée incontrôlée d'un débris spatial, mais ce taux monte à 26% pour des espaces aériens bien plus grands et très fréquentés, comme ceux que l'on retrouve dans le Nord-Est des États-Unis, le Nord de L'Europe ou autour des grandes villes de la région Asie-Pacifique.

Un défis non négligeable pour les années à venir

Sur les 50 dernières années, la NASA n'a pas enregistré plus d'une chute de débris spatial au sol par jour à l'échelle de la planète et aucun accident grave n'a été recensé. En effet, les débris spatiaux restent peu nombreux à retomber de manière incontrôlée et la plupart retombent sur des zones inhabitées. Néanmoins, il est important de prendre en compte qu'un tout petit débris peut causer d'importants dommages à un avion de ligne.

Ce risque induit donc un dilemme pour les autorités nationales et internationales, entre assurer la sécurité et éviter les pertes économiques. En effet, lors d'une entrée de débris dans notre atmosphère, il est nécessaire de fermer l'espace aérien concerné comme ce fut par exemple le cas le 4 novembre 2022 sur le Sud de l'Europe en raison d'une rentrée de débris spatial.

Néanmoins, ces fermetures d'espaces aériens entraînent de lourdes conséquences économiques liées notamment aux retards des vols mais ces conséquences ne sont rien à côté de la catastrophe potentielle qui résulterait d'une collision entre débris spatial et avion de ligne.

Ainsi, pour limiter les risques humains mais aussi économiques, les chercheurs en charge de l'étude en question estiment que les constructeurs d'engins spatiaux doivent investir dans des technologies de rentrée contrôlée de leurs fusées dans l'atmosphère, technologies qui existent déjà mais qui n'équipent que moins de 35% des lancements à ce jour.

Dans tous les cas, les scientifiques estiment que plus de 2 300 corps d'engins spatiaux en orbite finiront par ré-entrer de manière incontrôlée dans notre atmosphère dans les prochaines décennies, ce qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques si les espaces aériens concernés ne sont pas fermés à temps ou même gardés ouverts pour limiter les pertes économiques...


Référence de l'article :

Airspace closures due to reentering space objects, Scientific Reports (23 janvier 2025), Ewan Wright, Aaron Boley & Michael Byers