Gaz à effet de serre : pourquoi les émissions ont plus baissé que prévu en France ?

Est-ce vraiment une bonne nouvelle ou simplement un trompe-l'œil ? En 2022, les émissions de gaz à effet de serre de la France ont baissé de 2,7% par rapport à 2021, une baisse plus importante que le chiffre initialement attendu (-2,5%). Si la météo y est pour beaucoup, cette tendance va évidemment devoir se poursuivre pour espérer impacter positivement le climat, en entraînant d'autres pays...

Merci l'hiver doux !

En France, les émissions de CO2 ont fait le yo-yo depuis 2019 : une baisse massive en 2020 à cause de la crise sanitaire du Covid-19 (-9%), puis un rebond en 2021 par rapport à cette même crise (+5,7%), et enfin une baisse de 2,7% en 2022 par rapport à 2021. Ce chiffre, donné par le Citepa, l'organisme mandaté pour réaliser l'inventaire des émissions de gaz à effet de serre en France, est donc plus élevé qu'initialement attendu (-2,5%).

C'est le secteur du bâtiment qui est le premier responsable de cette baisse bienvenue des émissions : -14,7% d'émissions de gaz à effet de serre dans ce secteur. Un résultat rendu possible par la conjonction entre le plan de sobriété énergétique mis en place par le gouvernement (pour faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine) et l'hiver relativement doux vécu sur la totalité du pays. La baisse du chauffage, et globalement la sobriété dans la consommation d'énergie n'ont donc pas été remis en cause par une quelconque vague de froid, et aucune tension sur le réseau électrique n'a été observée.

L'industrie, avec une baisse de 6,4% de ses émissions de gaz à effet de serre en 2022, est aussi en partie responsable de ce bon résultat. Toutefois, le bilan est négatif dans les secteurs du transport et de l'énergie, où les émissions de gaz à effet de serre sont en hausse par rapport à 2021.

L'énergie, secteur plombé par... le nucléaire !

Il y a donc une importante disparité selon les secteurs, la baisse masque donc de moins bonnes nouvelles, dans les transports mais surtout dans le secteur de l'énergie, où les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 4,9% en 2022 par rapport à 2021.

Ce mauvais résultat s'explique par l'indisponibilité de plusieurs centrales nucléaires, palliée par l'utilisation accrue des centrales à gaz, voire à charbon, qui polluent évidemment bien plus fortement. En décembre dernier, 21 réacteurs nucléaires sur les 56 installés en France n'étaient pas fonctionnels, en raison d'opérations de maintenance mais aussi à cause de fissures inattendues.

Alors que la France s'est engagée à réduire ses émissions de 50% en 2030 par rapport à 1990, le Citepa précise que pour l'instant, la moyenne des émissions est estimée à 410 millions de tonnes équivalentes CO2 sur la période 2019-2023. Pour atteindre 270 Mt CO2 en 2030, comme l'a annoncé la Première ministre Elisabeth Borne, il va falloir abaisser ces émissions deux fois plus rapidement qu'aujourd'hui. Ce n'est pour le moment pas gagné...