Plastique, énergies fossiles : faut-il croire aux annonces du G7 ?

Les annonces du G7 en matière de lutte contre le réchauffement climatique et la pollution plastique sont-elles vraiment ambitieuses ? Pas sûr, à en croire l'imprécision du calendrier et certaines incohérences qui déçoivent les associations environnementales.

Réunion pays G7 Japon environnement
Les ministres de l'Energie, du Climat et de l'Environnement des pays industrialisés du G7 étaient réunis au Japon le week-end dernier.

Les annonces environnementales des pays du G7, réunis à Sapporo, au Japon, vont-elles accoucher d'une souris ? Probable, à en croire le flou qui entoure les échéances sur lesquelles se sont accordés les pays industrialisés.

Alors que l'enjeu est de lutter contre la pollution plastique et le réchauffement climatique, les associations de défense de l'environnement s'estiment déçues. A raison ?

Des objectifs trop lointains et trop peu ambitieux ?

Que faut-il retenir des engagements pris dimanche 16 avril au Japon par les ministres de l'Energie, du Climat et de l'Environnement du G7 ? Tout d'abord la volonté affirmée par les Etats-Unis, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l'Italie, le Canada et le pays-hôte, le Japon, d'"accélérer" leur "sortie" des énergies fossiles dans tous les secteurs, ces énergies étant très émettrices de gaz à effet de serre.

Le problème, c'est que cet objectif ne s'accompagne d'aucune nouvelle échéance, le communiqué final se bornant à répéter la borne temporelle de 2050 "au plus tard", accolée à un autre objectif, celui de la neutralité carbone, déjà maintes fois remis en doute.

Pas de nouvelle annonce non plus concernant l'objectif de décarbonation du secteur de l'électricité, dont l'échéance reste fixée à 2035. Par ailleurs, la sortie du charbon dans ce secteur de l'électricité ne fait toujours pas consensus, malgré la volonté de la France et du Royaume-Uni de proposer l'échéance de 2030, en vain… En outre, ces objectifs ne concernent pas les énergies fossiles assorties de dispositifs de capture et de stockage du CO2 (des dispositifs souvent jugés secondaires dans la lutte pour la neutralité carbone). Enfin, autre écueil, et non des moindres, le G7 a reconnu que des investissements dans le gaz naturel "pouvaient être appropriés" pour aider certains pays à traverser la crise actuelle de l'énergie, liée à la guerre en Ukraine.

La litanie d'objectifs ne s'arrête pas là : l'engagement de réunir 100 milliards de dollars par an pour aider les pays les plus pauvres à faire face au réchauffement climatique a été certes réaffirmé, mais cette promesse pour le moment non tenue date de… 2009 ! Quant à l'objectif de réduire à néant la pollution plastique d'ici 2040, il va falloir pour cela mobiliser l'économie circulaire et prendre des décisions politiques bien plus ambitieuses sur le plastique jetable et non recyclable, et ce n'est pas gagné.

"Avancée forte" ou déception ?

Comme à l'accoutumée, deux camps s'affrontent pour juger les décisions prises par les pays du G7. Agnès Pannier-Runacher, la ministre française de la Transition énergétique, a considéré ces décisions comme "une avancée forte" et "un point d'appui important" en vue de la COP 28 de Dubaï (qui, rappelons-le, sera présidée par le PDG d'une entreprise pétrolière), mais en admettant des négociations compliquées à venir. Pas de surprise non plus du côté du patron de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Fatih Birol, qui salue la "feuille de route" du G7.

La déception est grande, en revanche, du côté des associations de défense de l'environnement, et là non plus ce n'est pas surprenant. Collin Rees, de l'ONG Oil Change International, déplore les "jeux de rhétorique" du G7, en pointant particulièrement la possibilité de nouveaux investissements dans le gaz, selon lui "pas compatibles" avec les objectifs climatiques.

Tant que ces deux camps continueront à disputer âprement un match qui, pour le moment, n'augure rien de bon pour notre planète, les négociations et les décisions risquent fort bien de faire chou blanc…

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