La chaleur peut-elle freiner l’apprentissage du langage chez l’enfant ? Des chercheurs tirent la sonnette d’alarme
Des chercheurs français ont potentiellement trouvé un lien entre les difficultés d’apprentissage de la langue chez certains enfants et l'exposition à de fortes températures. Pour l’instant, ces résultats ont besoin d’être confirmés, mais les premières données semblent mettre les scientifiques sur la voie pour une meilleure prévention.

Et si la chaleur se révélait être un facteur expliquant les difficultés d’apprentissage chez certains enfants ? C’est envisageable. Les résultats, parus dans une étude publiée dans Environmental Health, restent à confirmer, mais les chercheurs ont bel et bien trouvé un potentiel lien de corrélation. Un lien d’autant plus probable que celui entre les hautes températures et le risque de prématurité et de mortalité à la naissance est déjà connu.
En revanche, déterminer un lien entre hautes températures et difficultés d’apprentissage de l’enfant est une première scientifique
Cette étude a été menée par Johanna Lepeule, directrice de recherche à l’Inserm, et son équipe, avec l’aide de l’équipe d’Itai Kloog, professeur à l’université Ben-Gourion, en Israël. Objectif : comprendre et définir les périodes de la grossesse les plus à risque, pour affiner davantage la prévention. L’étude explique qu’il est préférable que le bébé soit soumis à des températures raisonnables, donc pas trop élevées, lors de sa vie in utero et lors de ses sept premiers mois sur Terre.
Une chaleur trop importante aurait de possibles conséquences sur le langage de l’enfant
Johanna Lepeule décrit les résultats. "Pendant la période prénatale, soit entre les 14 et 19 semaines de grossesse, nos travaux ont retrouvé une association entre une exposition à une température moyenne supérieure à 15,6° C et une perte de 3,2% des capacités langagières [...] En post natal, pour une exposition à une température moyenne supérieure à 21,9° C pendant les 7 premiers mois de vie, la perte est de 15%. Mais attention, cela ne signifie pas forcément que cette perte va se maintenir dans le temps, nous devons poursuivre nos travaux pour le confirmer ou pas".
Ces données concernent la cohorte nationale Elfe. Elles viennent donc d’environ 12 000 femmes. Selon ces données, il y aurait bien un lien entre les températures auxquelles les futures mamans ont été soumises pendant leur grossesse et le vocabulaire intégré par leurs enfants, âgés de 2 ans. Elles décrivent une période durant laquelle la grossesse serait plus fragile entre le début du second trimestre, mais également durant les sept premiers mois post-accouchement.

Pour les scientifiques, il faut connaître les raisons biologiques de cette dégradation du langage et, plus largement, du développement neuronal de l’enfant. "On sait déjà que les systèmes de thermorégulation des nouveaux-nés sont immatures pendant plusieurs mois après leur naissance et par conséquent peu efficaces, mais ce n’est peut-être pas la seule explication, une perturbation des fonctions placentaires est peut-être aussi en cause tout comme la prolifération et la différenciation des neurones, comme cela a été déjà démontré dans des études animales", affirme Johanna Lepeule.
Sur ce sujet, des travaux sont prévus, ainsi que des prélèvements placentaires, avec les cohortes mères-enfants de Nancy, Bretagne et Grenoble.
Référence de l’article :
Des températures élevées pendant la grossesse nuiraient à l’apprentissage du langage