Des océans en bonne santé d'ici 2030 ? Le pari fou des Nations Unies

En projet depuis 2017 et lancé depuis le 1er janvier 2021, l'Organisation des Nations Unies dédie la prochaine décennie de 2021 à 2030 aux sciences océaniques au service du développement durable. L'objectif ? Mettre la science au service du développement durable pour sauvegarder nos océans.

Décennie océan
L'ONU entend soutenir toutes les "actions de la Décennie" pour les sciences océaniques afin de sauvegarder nos océans d'ici à 2030.

Ils représentent 71 % de la surface terrestre et pourtant les océans sont les grands oubliés des états qui ne consacrent en moyenne que 1,7 % de leurs budgets de recherche aux sciences de l’océan. Dans un rapport publié en décembre dernier, la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’Unesco estimait que "c'est beaucoup moins que pour les autres grands domaines scientifiques". En dédiant cette décennie aux océans, les Nations Unies souhaitent aider tous les projets qui permettront la sauvegarde du milieu maritime.

1 225 milliards d'euros d'apport économique mondial :

C'est une estimation de l'OCDE de ce qu'aurait rapporté la mer en 2010 à l'économie mondiale. Cette année là, l'économie maritime engendrait plus de 30 millions d'emplois directs à temps plein. Les océans nourrissent près de 3 milliards de personnes sur terre notamment grâce à la pêche. Et ont un rôle très important dans d'autres domaines économiques : le commerce, le tourisme, le transport d'énergie et plus récemment dans les énergies renouvelables avec l'essor de l’éolien au large des côtes.

Un gain économique faramineux par rapport au budget des états alloué aux recherches des sciences de l'océan qui représente moins de 2 % ! C'est pourquoi, depuis 3 ans, l'ONU a souhaité dédier cette décennie à l’océan et lui donner un rôle central dans les futures activités de développement d’ici à 2030. Pour protéger le milieu marin il faut commencer par mieux le connaître, d'autant que l'océan "arrive à bout de ses capacités d'atténuation du réchauffement climatique", selon l'UNESCO.

Une demande urgente donc car le milieu marin est un puits de carbone important, un véritable régulateur climatique. Depuis le début de l'ère industrielle, l'océan a absorbé un tiers de nos émissions de CO2. "Sans lui, nous serions carbonisés à la surface de la Terre, soumis à des températures insoutenables" selon Françoise Gaill, directrice de recherche émérite au CNRS et coordinatrice scientifique de la Plateforme Océan & Climat.

Sauvegarder un milieu dont nous dépendons :

Avoir une meilleure connaissance de l'océan est l'un des objectifs fondamentaux de cette décennie car à ce jour, seul près de 20 % des fonds marins sont cartographiés en haute résolution et il existe encore de vastes étendues abyssales dont nous ne savons rien, ni sur la répartition des espèces, ni sur les écosystèmes ou les processus océaniques. Il aura fallu attendre 2019 pour obtenir un rapport spécial du GIEC ciblé sur l’océan et les régions glacées - synthétisant près de 7 000 études à ce sujet !

Améliorer nos connaissances pour mettre au point des solutions au service du développement durable : repenser les pratiques de la pêche pour que les espèces puissent survivre, lutter contre la pollution plastique... Selon l'ONU, les investissements durables dans le domaine océanique pourraient offrir des bénéfices minimum cinq fois supérieurs à leurs coûts ! Instituts de recherche, gouvernements, entreprises, ONG, associations ou individus travaillant sur une ou des "actions de la Décennie" se verront soutenus et accompagnés par l'ONU.

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