La France face à un été 2025 potentiellement explosif : pourquoi les experts sont inquiets ?

Le thermomètre s'affole, les sols craquent : la France entre dans l'été avec 98 % de son territoire en sécheresse. Le pic attendu ce 30 juin pourrait battre tous les records. Ce n’est que le début.

D’ici au début du mois de juillet, la sécheresse extrême devrait encore s’étendre.
D’ici au début du mois de juillet, la sécheresse extrême devrait encore s’étendre.

La France brûle déjà… et l’été ne fait que commencer. Le mardi 24 juin 2025, 98 % du territoire est touché par une sécheresse de surface, selon l’indice de l’application Windy. C’est un record pour un début d’été. Et le plus inquiétant, ce n’est qu’un début.

Les régions encore épargnées se comptent sur les doigts d’une main : une infime portion de la pointe bretonne, un bout du Cotentin, un morceau de Savoie et quelques zones côtières en Méditerranée. Le reste du pays, du nord au sud, est plongé dans une sécheresse qui devient structurelle.

Des sols déjà assoiffés avant l'été

Ce qu’on appelle sécheresse de surface ou sécheresse agricole correspond à l’assèchement de la couche superficielle du sol, celle qui alimente les cultures. Elle est apparue dès le début de l’année dans le nord, s’est propagée au printemps, et touche désormais toute la moitié sud. Le niveau de gravité est tel que certaines zones, notamment la Bretagne, les Pays-de-la-Loire, le Centre-Val de Loire, l’Île-de-France ou encore le Grand Est, sont déjà classées en sécheresse extrême (niveau 6/6).

Le sud de l’Occitanie, avec la Haute-Garonne et les Pyrénées-Orientales en première ligne, subit également cette intensité maximale. Et cela ne concerne pas seulement la surface. Près de la moitié des nappes phréatiques françaises présentent un niveau modérément bas, signe que les réserves profondes commencent aussi à manquer.

Un été qui pourrait être un tournant climatique ?

Les prévisions ne laissent guère de place au doute. Météo-France, dans ses tendances saisonnières pour juin-juillet-août 2025, anticipe un trimestre globalement plus chaud que la normale, notamment sur la Corse et le sud-est, avec des incertitudes toutefois sur les précipitations.

Mais ce que les modèles montrent de façon claire, c’est une tendance lourde à la hausse des températures, conforme à ce que le changement climatique imprime progressivement à nos saisons.

Windy anticipe d’ici début juillet une aggravation marquée : la sécheresse extrême pourrait concerner plus de la moitié du pays dans les dix prochains jours, avec une extension vers la Bretagne, la Normandie et les Alpes. Autrement dit, si les pluies ne reviennent pas très vite, l’été 2025 pourrait rejoindre les étés les plus chauds jamais enregistrés, aux côtés de ceux de 2003, 2019 ou 2022.

Canicule d'ampleur historique dès fin juin ?

Un été plus chaud ne signifie pas systématiquement une canicule...mais cette fois-ci, tous les signaux sont au rouge. La combinaison de trois facteurs, sols secs secs, températures anormalement élevées, et déficit pluviométrique persistant, crée une dynamique explosive.

D'après les prévisions, une canicule d’envergure s’installera dès ce dimanche, avec un pic lundi 30 juin, qui pourrait devenir la journée de juin la plus chaude jamais enregistrée en France. Les températures maximales pourraient atteindre 40 °C localement, avec des valeurs généralisées de 36 à 38 °C sur une large moitié sud et le centre du pays.

Cette chaleur, digne d’un cœur d’été, est exceptionnellement précoce. En plus, elle s’inscrit dans une séquence durablement chaude, amorcée depuis plusieurs semaines. L’absence de rafraîchissement nocturne dans certaines zones renforce les risques sanitaires.

Les experts redoutent une répétition de ces pics dès début juillet, avec une nouvelle vague de chaleur potentielle autour du 7-8 juillet.

Ces événements représentent un risque sanitaire majeur, notamment pour les personnes âgées, les enfants, les travailleurs en extérieur et les personnes en situation de vulnérabilité. L’expérience des précédentes canicules, comme celle de 2019, rappelle que ces vagues de chaleur peuvent être mortelles si elles ne sont pas anticipées à temps.

Sécheresse et incendies : deux menaces en embuscade

À côté du danger thermique immédiat, deux autres menaces gagnent rapidement du terrain. D’abord, le stress hydrique : selon les données satellites, la sécheresse de surface qui gagne presque la totalité du pays impacte les cultures, affaiblit les écosystèmes aquatiques, et commence à peser sur l’approvisionnement domestique dans certaines zones sensibles.

Ensuite, le risque d’incendies explose. Les sols desséchés, la végétation brunie, les vents thermiques et les températures extrêmes forment un terrain hautement inflammable, notamment dans les forêts du Sud-Ouest, les zones méditerranéennes, et même certains secteurs du Centre. Si les conditions actuelles persistent, l’été 2025 pourrait marquer une année noire en matière de feux de forêt, sur le modèle de 2022.

En toile de fond, une cause structurelle : un anticyclone subtropical solidement ancré sur la Méditerranée occidentale, qui bloque les perturbations atlantiques et favorise des remontées d’air saharien. Tant que cette configuration ne se défait pas, les vagues de chaleur risquent de se succéder, sans répit notable.

L'épreuve de vérité du changement climatique

Ce que nous vivons n’est pas une anomalie ponctuelle. C’est le nouveau visage de nos étés dans un climat qui se réchauffe. Selon Météo-France, tous les dix étés les plus chauds en France ont eu lieu depuis le début du XXIe siècle.

Les 10 étés les plus chauds en France depuis 1900. @Meteo France
Les 10 étés les plus chauds en France depuis 1900. @Meteo France

Dans le scénario TRACC (Trajectoire de Réchauffement de Référence), à +4 °C en 2100, des températures au-delà de 40 °C deviendraient annuelles, et des pics à 50 °C localement pourraient survenir. Les nuits tropicales, au-dessus de 20 °C, deviendraient la norme estivale dans plusieurs régions, notamment sur le littoral méditerranéen.

L’enjeu aujourd’hui n’est pas seulement d’informer, mais de s’adapter intelligemment. Rafraîchir les bâtiments, protéger les plus vulnérables, économiser l’eau, repenser les cultures… La liste des actions à entreprendre est longue, mais indispensable. L’été 2025 pourrait bien être un signal d’alarme grandeur nature.

Sources de l'article

Durand, K. (2025, 20 juin). Vers un été 2025 historique : pourquoi les experts redoutent les semaines à venir. Futura Science.

Météo-France. (2025, 27 mai). Tendances pour juin, juillet et août 2025.

Wuest, C. (2025, 27 juin). Nouvelle canicule pour la fin juin : vers un épisode potentiellement historique. La Chaîne météo.