La taxe carbone aux frontières de l'UE s'invite à la COP30 : quels impacts sur le commerce et les émissions de CO2 ?
De nombreux pays étrangers présents à la COP30 s'inquiètent du nouveau mécanisme environnemental européen devant devenir opérationnel en 2026 : la taxe carbone aux frontières de l'UE. Quels produits seront concernés ? Avec quels impacts ?

Le "mécanisme d'ajustement carbone aux frontières" ne vous dit rien ? Normal, il s'agit du nom barbare de la taxe carbone aux frontières de l'Union européenne, un nouveau mécanisme environnemental supposé s'appliquer dès 2026. Le problème, c'est qu'il inquiète tellement les autres pays étrangers qu'il sera l'objet de débats pendant la COP30 sur le climat en cours à Belém, au Brésil.
Quels produits concernés ?
C'est en 2023 que l'Union européenne a lancé ce MACF ou taxe carbone aux frontières en phase de test. La taxe, supposée verdir les importations de l'UE, devrait être pleinement opérationnelle dès 2026. Elle s'applique à l'acier, l'aluminium, le ciment, les engrais, l'électricité et l'hydrogène, des secteurs très polluants où la concurrence internationale est très forte.
𝗡𝘂𝗼𝘃𝗲 𝗱𝗶𝘀𝗽𝗼𝘀𝗶𝘇𝗶𝗼𝗻𝗶 𝗲𝘂𝗿𝗼𝗽𝗲𝗲 𝘀𝘂𝗹 𝗺𝗲𝗰𝗰𝗮𝗻𝗶𝘀𝗺𝗼 𝗖𝗕𝗔𝗠
— Assoambiente (@assoambiente) November 11, 2025
La Commissione europea ha adottato il Regolamento (UE) 2025/2210, che definisce le modalità di applicazione del CBAM per le merci e i prodotti trasformati introdotti nelle Zone Economiche pic.twitter.com/4y0XwoQ1Wp
Si elle est réellement appliquée, cette taxe imposera aux produits importés dans l'UE un prix du carbone similaire à celui en vigueur en Europe, où les entreprises payent des droits à polluer. Lorsqu'elles produiront à l'étranger, les entreprises importatrices, souvent de grandes sociétés de "trading", devront déclarer les émissions de CO2 liées à ce processus de production hors des frontières.
Si ces émissions dépassent les normes européennes, alors les entreprises importatrices devront acheter un "certificat d'émission" au prix du CO2 en vigueur dans l'Union européenne. Un ajustement censé éviter les "fuites de carbone", lorsque les entreprises polluantes délocalisent leur production dans des pays où les normes climatiques sont beaucoup plus légères voire insignifiantes.
Le premier effet de cette mesure risque d'être la hausse des prix des produits concernés. Le prix du CO2 augmente en effet dans l'UE : 100 euros la tonne à l'horizon 2030, contre 70 à 80 euros actuellement. Cela pourrait donc quasiment doubler le prix de la tonne d'acier : l'inquiétude grimpe dans les secteurs de l'automobile et de l'aéronautique, qui pourraient être bientôt concernés.
Les pays du Sud très inquiets
Alors que l'UE trouve ce mécanisme vertueux, de nombreux pays du monde jugent que cette taxe est une barrière commerciale déguisée. Elle est déjà dans le viseur de Donald Trump, qui en plus d'être opposé à toute politique environnementale, réclame déjà un traitement de faveur pour les entreprises américaines.
Tempête sur les engrais azotés : la CBAM déclenche la panique en Europe
— Céréfi (@cerefi_grains) November 10, 2025
Les cours remontent violemment avec la pression de la taxe européenne qui devrait prendre effet le 1er janvier. pic.twitter.com/vitouQTtn9
Les pays du Sud s'inquiètent légitimement de la situation, en craignant de devoir supporter le coût financier des émissions de CO2 à la place des pays du Nord. Des accusations réfutées par l'eurodéputé centriste Pascal Canfin (qui a porté le texte au Parlement européen), pour qui ce sont surtout les échanges avec les pays industrialisés qui sont concernés (Canada, USA, Chine, Russie et Ukraine) et non les pays en développement.
Le débat devient tellement important qu'un groupe de pays composé notamment de la Chine, de l'Inde et de la Bolivie exige désormais d'inscrire cette mesure à l'ordre du jour de la COP30 sur le climat au Brésil. Le problème est que cela pourrait encore s'intercaler dans le bras de fer récurrent entre le Nord et le Sud, tout en parasitant les discussions de fond sur le réchauffement climatique.
Des centaines de milliards d'euros sont nécessaires chaque année pour freiner nos émissions de CO2 : or, cette taxe ne devrait rapporter que 1,4 milliard d'euros par an à l'UE à partir de 2028, avec un impact par ailleurs "assez minime" sur les émissions carbone. Alors que le Royaume-Uni devrait nous emboîter le pas dès 2027, ce n'est que si de nouveaux pays nous suivent que le prix de la pollution dans le monde grimpera vraiment !
Référence de l'article :
GEO. La taxe carbone aux frontières de l'Union européenne au menu de la COP30 à Belém.