La France risque-t-elle une pénurie d'électricité cet hiver ?

Le Gouvernement a annoncé il y a quelques jours un décret visant à augmenter, pour le début d'année, la production d'électricité à partir de charbon. Une décision qui fait suite à l'indisponibilité d'un quart de nos centrales nucléaires. Suffisant pour ne pas manquer d'électricité cet hiver ?

centrale cordemais
Il ne reste plus que deux centrales à charbon en France : Cordemais (44, ici en photo) et St-Avold (57).

Aura-t-on suffisamment d'électricité en France cet hiver ? A priori oui, mais pas forcément sous la forme d'une énergie très vertueuse... Le Gouvernement a annoncé il y a quelques jours un décret, visant à augmenter la production d'électricité à partir de charbon jusqu'à la fin du mois de février.

Cette décision, qui devra encore être approuvée par le Parlement, fait suite à l'indisponibilité de près d'un quart de nos centrales nucléaires, soit pour des raisons de maintenance, soit en raison de problèmes techniques. Explications.

De 700h en un an à 1000h en deux mois !

La décision a été prise "à contre-cœur" selon la ministre de la Transition Ecologique "mais la sécurité de l'approvisionnement en électricité reste la priorité". A la fin du mois de janvier, le Gouvernement fera voter au Parlement un décret permettant d'augmenter temporairement la production d'électricité à partir de charbon.

Concrètement, depuis le 1er janvier 2022, les centrales à charbon françaises (au nombre de deux) sont normalement autorisées à fonctionner durant 700 heures sur une année. Le décret prévoit de faire passer ce nombre à 1000 heures, et ce, non plus sur une année, mais sur les seuls deux premiers mois de 2022.

Ce recours assez massif à ce combustible fossile n'est évidemment pas une bonne nouvelle pour le climat. La production d'électricité par le charbon émet en moyenne 68 fois plus de CO2 que via les centrales nucléaires (820 grammes équivalent CO2 / kWh pour le charbon contre 12 g pour le nucléaire).

12 réacteurs sur 56 à l'arrêt

Cette décision, prise courant décembre dernier, s'explique par l'indisponibilité d'une partie de notre parc de centrales nucléaires, et par la crainte d'une météo possiblement froide durant les deux premiers mois de l'année.

En effet, à la mi-décembre, les températures étaient particulièrement basses et les importations d'énergie étaient au plus haut, et ce malgré des consommations plutôt modestes dans les entreprises et les usines.

Afin d'anticiper un début d'année qui aurait pu être froid, les autorités ont donc préféré la sécurité du combustible fossile. D'autant que les énergies renouvelables, en particulier les éoliennes, ont généré peu d'électricité en décembre en raison d'une absence de vent.

Côté centrales nucléaires, une douzaine de réacteurs seraient actuellement à l'arrêt (sur 56), soit pour des considérations techniques, soit pour des maintenances. La pandémie de Covid-19 a bousculé le calendrier des maintenances et EDF ne peut plus se permettre de repousser la date de ces dernières...

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