Carte des menaces climatiques : quels patrimoines naturels risquent de disparaître ? La France sera-t-elle épargnée ?

Une nouvelle étude révèle que le patrimoine naturel mondial fait face à des menaces climatiques sans précédent. Quels sites sont les plus vulnérables et la France sera-t-elle vraiment à l'abri ?

Colonie d’Albatros à bec jaune de l’océan indien sur les falaises d’Entrecasteaux ©Thierry Boulinier IPEV
Colonie d’Albatros à bec jaune de l’océan indien sur les falaises d’Entrecasteaux ©Thierry Boulinier IPEV

Les sites naturels classés par l'UNESCO sont des refuges précieux pour la biodiversité mondiale.

Pourtant, une étude publiée dans Communications Earth & Environment révèle qu'ils sont gravement menacés.

Un trésor mondial sous pression

Sur les 250 sites analysés, jusqu’à 98 % pourraient être affectés par des événements climatiques extrêmes d’ici 2100, selon le scénario d’émissions le plus pessimiste. Comme le souligne le Dr Guolong Chen, auteur principal de l’étude :

Ces sites ne couvrent qu’1 % de la surface terrestre, mais abritent plus de 20 % des espèces mondiales.

Une perte inestimable qui remet en question la résilience de notre patrimoine naturel mondial.

Triple menace : chaleur, sécheresse, pluies extrêmes

L’étude met en avant trois facteurs climatiques majeurs :

  • Sous un scénario à faibles émissions (SSP1-2.6), seuls 33 sites seraient affectés.
  • Avec des émissions modérées (SSP2-4.5), le chiffre bondit à 188 sites.
  • Sous le pire scénario (SSP5-8.5), presque tous les sites seront touchés.
Risques pour les sites du patrimoine mondial naturel dans le cadre de différents scénarios d'émissions. @CarbonBrief
Risques pour les sites du patrimoine mondial naturel dans le cadre de différents scénarios d'émissions. @CarbonBrief

De 2000 à 2015, 45 % des sites ont déjà connu des épisodes de chaleur extrême. Dans le scénario le plus favorable, cette proportion tomberait à 2 %. Mais sans réduction des émissions, elle grimperait à 69 %.

« Les régions tropicales et de latitude moyenne sont les plus vulnérables, car leurs écosystèmes dépendent étroitement des conditions climatiques », explique le Dr Chen.

Des icônes naturelles en danger

La Grande barrière de corail, plus vaste structure vivante de la planète, a subi en 2024 son cinquième blanchissement en huit ans, conséquence directe de la hausse des températures marines. Le professeur Jim Perry rappelle :

Le blanchissement des coraux est un indicateur alarmant de la fragilité des écosystèmes marins face à la chaleur.

Au Brésil, le Pantanal, plus grande zone humide d’eau douce du monde, a vu ses incendies devenir 40 % plus intenses en 2024. La combinaison de températures croissantes et de précipitations en baisse fragilise cet écosystème, essentiel pour de nombreuses espèces menacées.

Et la France dans tout ça ?

Si aucun site naturel français métropolitain ne serait directement touché sous un scénario à faibles émissions, la situation change dans les hypothèses plus pessimistes.

Les terres australes et antarctiques françaises (TAAF), refuges d’espèces endémiques comme l’albatros d’Amsterdam (Diomedea amsterdamensis), classé "en danger critique" avec moins de 50 couples reproducteurs en 2015, ou l’éléphant de mer austral (Mirounga leonina), pourraient subir des épisodes de chaleur extrême et de pluies intenses.

Ces territoires ultramarins hébergent plus de 50 millions d’oiseaux marins, la plus grande communauté mondiale, ainsi que des otaries, orques et dauphins de Commerson, une sous-espèce endémique classée "en danger".

Sources de l’article :

Tandon, A. (2025, 5 février). Mapped: How ‘natural’ world heritage sites are threatened by climate extremes. Carbon Brief.

UICN Comité français. (2015, 10 mars). La Liste rouge des espèces menacées en France : Vertébrés des Terres australes et antarctiques françaises [Dossier de presse].