Votre banque finance-t-elle la déforestation en Amazonie ? Des ONG ont mené l'enquête

Et si votre banque finançait la déforestation en Amazonie ? Selon l'enquête de 2 ONG, 4 banques françaises ont prêté de l'argent à des négociants de soja accusés de se fournir chez des fermiers ayant déforesté au Brésil.

Déforestation Amazonie Brésil
Bunge et Cargill, les deux négociants de soja à qui ces banques ont prêté de l'argent, se sont engagés à éliminer la déforestation d'ici la fin de l'année.

Alors que cette pratique est interdite depuis 2008, deux ONG viennent de révéler dans une enquête que quatre banques françaises avaient accordé des prêts à deux géants de l'agroalimentaire américain, accusés d'importer du soja depuis l'Amazonie et donc de participer à la déforestation. Votre banque fait-elle partie de la liste ?

9 milliards de dollars en jeu

Ces deux ONG, Reclaim Finance et Canopée, ont publié les résultats de leur enquête en marge de la COP30 au Brésil. Les quatre banques françaises pointées du doigt ont prêté de l'argent à deux négociants de soja américains, deux géants de l'agroalimentaire, Bunge et Cargill, qui ont cumulé 200 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2024. Ils sont accusés de se fournir auprès de fermiers ayant déforesté au Brésil.

Les établissements en cause, qui gèrent peut-être votre argent, sont BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole et Société Générale. Au total, ces banques ont été impliquées dans des opérations financières (prêts ou obligations) pour un montant total de 9 milliards de dollars.

Entre janvier 2024 et août 2025, BNP Paribas, Crédit Agricole et BPCE ont été impliquées dans trois opérations financières avec Bunge pour un montant de 4,3 milliards de dollars. En octobre 2024, BNP Paribas a aussi prêté 1,5 milliard de dollars à Cargill, et en mars 2024, la Société Générale a prêté à Bunge un montant de 3,2 milliards de dollars.

Pour étayer leurs accusations, les ONG ont comparé la localisation des zones déforestées en Amazonie, cartographiées par un réseau dédié à l'observation par satellite de l'occupation des sols (MapBiomas), avec celle des entrepôts de Bunge et Cargill, recensés par les cadastres brésiliens. À 273 reprises, ces silos étaient situés tout près de fermes implantées sur des champs déforestées (à moins de 50 km) : cela suggère donc que Bunge et Cargill s'y approvisionnent…

Des engagements en carton ?

Comment se défendent les établissements mis en cause ? BNP Paribas a indiqué à l'AFP que ses clients devaient mettre en œuvre un objectif "zéro déforestation" d'ici à la fin décembre de cette année, tout en précisant que "la conformité des clients avec cette politique sera évaluée" l'année prochaine.

Crédit Agricole a aussi annoncé avoir pris des engagements "zéro déforestation" et suivre leur mise en place par ses clients. D'ailleurs, Bunge et Cargill, les deux géants américains accusés, ont pris des engagements pour éliminer la déforestation d'ici à fin 2025. Mais faut-il y croire ? Entre les paroles et les actes, il y a parfois un gouffre…

La Société Générale, elle, précise que sa politique de lutte contre la déforestation possède des "critères d'exclusion spécifiques pour les clients opérant dans les chaînes de valeur du soja en Amérique du Sud". Enfin, la banque la plus vindicative est le groupe BPCE, qui a vivement critiqué les deux ONG ayant mené l'enquête : selon elle, les chiffres sont "invérifiables, sans méthodologie explicite", ni "preuve apportée". Le groupe publiera en fin d'année les mesures qu'il prendra sur la déforestation.

La déforestation de l'Amazonie était un enjeu majeur de la COP30 qui s'achève ce vendredi. Cette forêt joue en effet un rôle majeur contre le réchauffement climatique à travers le captage du carbone. Pour rappel, un moratoire international signé en 2006 interdit depuis 2008 la commercialisation du soja issu de terres déboisées en Amazonie.

Référence de l'article :

GEO. BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale : ces banques françaises accusées de financer la déforestation en Amazonie.