Pourquoi le mimosas d'hiver, emblématique de la Côte d'Azur, est en fait néfaste pour l'environnement ?

Malgré sa beauté et son odeur si agréable, le mimosa est une espèce envahissante qui menace grandement la biodiversité de la Côte d'Azur depuis de nombreuses décennies.

Mimosa
Le mimosa est facilement reconnaissable grâce à ses nombreuses petites fleurs jaunes et son odeur caractéristique

Les mimosas sont en fleur depuis plusieurs semaines sur la Côte d'Azur et une partie du pourtour méditerranéen, donnant aux paysages une magnifique couleur jaune. Pourtant, malgré leur beauté, ces plantes sont véritablement néfastes pour la biodiversité de la région.

Une espèce invasive

Le mimosa d'hiver, ou Acacia dealbata de son nom scientifique, égaye et parfume les paysages du Sud-Est de la France entre la fin de l'hiver et le début du printemps, pour le plus grand plaisir des habitants et touristes. Excepté chez les allergiques, la floraison du mimosas est un véritable événement chaque année, si bien que certaines communes organisent même des festivités en son honneur.

Si cette plante au teint jaune caractéristique est devenue emblématique de la Côte d'Azur, elle n'en est pourtant pas du tout originaire. En effet, le mimosa vient littéralement de l'autre bout du monde, celui-ci étant originaire d'Australie.

Cette espèce a d'abord été introduite en Angleterre à la fin du 18ème siècle pour ses qualités ornementales et olfactives puis a été cultivée en France à partir du milieu du 19ème. Son succès fut fulgurant, notamment chez les parfumeurs de la région de Grasse dans les Alpes-Maritimes, si bien que l'espèce s'est propagée librement en milieu naturel dès 1864, s'épanouissant notamment entre les massifs de Tanneron, de l'Esterel et des Maures.

Toutefois, cette espèce a la particularité de « prendre toute la place » quand elle s'installe dans une région. Dans les Alpes-Maritimes et le Var, cette plante peut en effet concurrencer d'autres espèces remarquables et patrimoniales et menace donc les écosystèmes méditerranéens. De ce fait, celle-ci a été inscrite sur la liste noire des espèces exotiques envahissantes par le Conservatoire botanique méditerranéen de Porquerolles.

Une menace pour l'environnement méditerranéen

Cette plante est monospécifique sur la zone qu'elle colonise, ce qui veut dire que seule cette espèce va se développer sur un secteur donné, au détriment des autres. Par exemple, le mimosa émet des substances toxiques limitant la croissance racinaire de la végétation aux alentours, c'est pour cela qu'il n'est pas rare de voir des reliefs quasi exclusivement couverts de mimosas sur les routes azuréennes.

Mimosas
Dans le massif du Tanneron, le mimosa recouvre des pans entiers de montagnes

Certains animaux font également les frais de cette espèce invasive, comme la fameuse tortue d'Hermann, l'un des reptiles les plus menacés à l'échelle de la planète. En recouvrant le milieu, le mimosa élimine les espaces ouverts et herbacés que la tortue d'Hermann utilise pour pondre, ses œufs ayant besoin d'être exposés au soleil, ce qui est loin d'être une bonne nouvelle pour cette espèce déjà en grand danger d'extinction.

De plus, le mimosas est une espèce pyrophile, c'est à dire que sa reproduction est stimulée par le feu, et la plante elle-même peut favoriser la propagation des incendies. La plante est une véritable « poudrière sur pieds », possédant un feuillage persistant et se montrant globalement sèche, ce qui lui permet de monter très vite en température.

Pour lutter contre ce risque d'incendies, des obligations légales de débroussaillement ont d'ailleurs été mises en place par les autorités des régions concernées, mais cette plante est particulièrement difficile à éliminer.

Une plante très difficile à déloger

Le mimosa est en plus un excellent colonisateur, pouvant se propager rapidement dans un milieu via les insectes et la pollinique, bien sûr, mais également via les drageons, des rejets qui se développent non pas à partir d'une graine, mais d'une simple racine. Ainsi, le tailler ou le couper pour limiter sa propagation sur un secteur donné est inutile, voire même contre-productif.

Les grands moyens doivent donc être déployés pour limiter sa propagation, toutefois les méthodes chimiques ont été rapidement abandonnées pour ne pas détruire un écosystème alentour déjà bien affecté par cette plante invasive. Ainsi, éliminer un mimosa consiste à couper l'arbre puis le dessoucher avant d'entreprendre un long et fastidieux travail au piochon pour arracher tous les rhizomes oubliés, histoire qu'un arbre arraché ne résulte pas en une multitude de repousses.

Dans tous les cas, sans restrictions légales, le mimosas continu d'être acheté, vendu et utilisé, les routes du Sud-Est de la France étant même prises d'assaut chaque hiver pour aller en cueillir quelques branches afin de mettre un peu de couleur dans sa salle à manger. Si c'est votre cas, pensez donc à tous les paramètres cités précédemment lors de votre prochain ramassage de mimosa, afin de ne pas favoriser encore plus la propagation de cette plante invasive dans de nouveau écosystèmes pour lesquels elle représentera une véritable menace.

Référence de l'article :

Envahissant, destructeur, inflammable… Pourquoi vous devriez vous méfier du mimosa d'hiver (et de ses jolies petites fleurs jaunes), FranceInfo (23/03/2025), Robin Prudent