Météo : pourquoi ceux qui parlent d'été pourri en France se trompent lourdement ?

Les vacanciers de juillet font la grimace, alors que pluies, orages et fraîcheur s'imposent presque partout cette semaine. Faut-il pour autant parler d'été pourri ? Que disent les chiffres depuis début juin ? Que nous apprennent les archives ?

"Ce temps pourri, ça va durer longtemps ?", "averses, pluies et fraîcheur, l'été marque une pause", "météo compliquée au cœur de l'été", "une météo pas folichonne", "vacances sous la pluie"... Les médias généralistes s'en donnent à cœur joie cette semaine pour qualifier le temps de cette deuxième quinzaine de juillet.

Sur les réseaux sociaux, les climatosceptiques sont aussi de sortie, raillant les prévisions d'été sec et caniculaire, alors qu'humidité et fraîcheur sont installées depuis plusieurs jours sur une bonne moitié Nord de la France. Faut-il pour autant parler d'été pourri, comme certains s'autorisent à le faire ? Est-ce exagéré ? Que nous disent les archives de notre climat ? A-t-on déjà connu pire en juillet ?

Un début d'été pourtant historiquement chaud

Alors que des pluies parfois intenses ont concerné certains départements de la moitié Nord cette nuit, le bilan provisoire de ce mois de juillet montre pour le moment un excédent pluviométrique de 5% à l'échelle du pays. Mais l'excédent de pluie est parfois bien plus important localement : +229% dans les Bouches-du-Rhône, +157% dans l'Hérault, +120% dans la Manche, +117% dans le Calvados.

L'été, il n'y a que près de la Méditerranée que le ciel est souvent tout bleu, et encore, seulement un jour sur deux en moyenne. La récurrence des sécheresses et canicules nous fait oublier les bases de notre climat.

La ville de Tarascon, dans les Bouches-du-Rhône, a même battu un record le 21 juillet : 94,2mm de pluie tombés en 24h, il n'avait jamais autant plu une journée de juillet depuis 1989. Durban-Corbières, Narbonne, Béziers et Collobrières ont aussi plus globalement connu leur mois de juillet le plus pluvieux de leur histoire. Et que dire des dégâts des orages et de la tornade ayant balayé l'aéroport de Tours ?

Pourtant, il n'y a pas si longtemps, beaucoup se plaignaient de la chaleur… Deux canicules ont déjà frappé la France depuis le 1er juin, début de l'été météorologique, au cours d'une vague de chaleur de 16 jours, la 3e la plus longue et la 3e la plus intense connue par notre pays. Le mois de juin a d'ailleurs été le deuxième mois de juin le plus chaud jamais enregistré (+3,3°C), derrière 2003.

Avec une première quinzaine de juillet encore très chaude, ce début d'été (1er juin-14 juillet) est le plus chaud jamais enregistré en France, devant l'été 2003, avec 22,37°C de température moyenne, un chiffre inédit ! Cela fait relativiser… Les jours de forte chaleur se sont enchaînés avec une fréquence inédite : 20 jours à plus de 30°C sur la France, du jamais vu, même en 1976 (14 jours à l'époque).

On perd nos repères… et nos souvenirs !

Cette semaine plus humide et plus fraîche ne sera donc pas suffisante pour faire baisser la moyenne de ce début d'été historique. D'ailleurs, plus globalement, l'année 2025 présente pour le moment un excédent d'ensoleillement quasiment partout (+37% à Rouen, +31% à Paris, +30% à Nancy), et ce début de millésime (1er janvier-10 juillet 2025) est le plus chaud jamais enregistré depuis 1947.

Les 6 premiers mois de 2025 ont tous été plus chauds que la normale 1991-2020, nous perdons donc clairement nos repères ! Les températures connues cette semaine sur la moitié Nord (20 à 27°C), qui paraissent fraîches, correspondaient pourtant aux normales de saison il y a 40 ans en juillet. Les fortes chaleurs (plus de 30°C) ne sont la norme que près de la Méditerranée, ne l'oublions pas…

Quant à ceux qui pensent qu'été signifie ciel bleu, là encore, vous allez être déçus : voir des nuages en été est tout à fait normal, il n'y a que près de la Méditerranée que le ciel est tout bleu, en moyenne un jour sur deux. Dans les autres régions, c'est en moyenne un jour sur trois, pas davantage. La récurrence des canicules et sécheresses l'été nous a fait clairement oublier les bases de notre climat estival.

Et il suffit de plonger dans nos archives climatologiques pour retrouver des vrais étés pourris : 2011 et 2014 notamment, qui sont les derniers étés plus frais que la normale connus en France. Quant à l'humidité en juillet, nous avons connu bien pire : 2021, avec des inondations dans le Nord-Est, ou encore 2000, avec un temps automnal et des records de pluie et de fraîcheur autour du 14 juillet…