Comment la baisse de la pollution atmosphérique en Asie a pu accélérer le réchauffement climatique mondial ?
Une récente étude a établi un lien entre la baisse de pollution aux aérosols d'une large partie de l'Asie ces dernières années et l'augmentation des températures moyennes mondiales liée au réchauffement climatique.

Selon une étude parue dans la revue scientifique The Conversation, la dépollution de l'air dans les pays de l'Est de l'Asie a paradoxalement entraîné une accélération du réchauffement climatique à travers le monde.
Un résultat très paradoxal
Deux scientifiques, Laura Wilcox et Bjørn Samset, respectivement professeure au National Centre for Atmosphérique Science de l'Université de Reading au Royaume-Uni et chercheur au Center for international Climate and Environment Research d'Oslo, ont étudié 160 modélisations climatiques produites par huit modèles différents et ont obtenu des résultats très surprenants.
Les auteurs de l'étude ont en effet précisé que sur la base des tendance à long terme émises par les différents modèles climatiques, les températures auraient dû augmenter de +0,23°C à l'échelle de la planète depuis 2010.
Or, ce réchauffement a en réalité atteint +0,33°C, une différence de 0,1°C qui serait en majorité due aux efforts de dépollution de l'air en Asie de l'Est, ainsi qu'à l'évolution des émissions du transport maritime et la récente hausse des concentrations de méthane dans l'atmosphère.
Mais alors, comment faire le lien entre la dépollution de l'Est de l'Asie et une augmentation des températures moyennes à l'échelle du globe supérieure de +0,1°C aux prévisions des différents modèles climatiques mondiaux ?
Moins de nuages = plus de chaleur
La réponse est étrangement assez simple. En effet, la pollution atmosphérique en Asie de l'Est favorisait la formation de nuages, ce qui engendrait un refroidissement car ceux-ci réfléchissaient davantage la lumière du soleil. Ainsi, la dépollution de l'air sur cette région du globe a réduit l'effet d'ombrage sur cette même région, ce qui a influencé les températures moyennes mondiales.
De plus, cette importante pollution atmosphérique avait tendance a être transportée vers le Pacifique Nord, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Or, celle-ci avait pour effet là encore de refroidir sensiblement cette partie du globe, toujours en raison de la formation d'une couche nuageuse plus importante qu'à l'accoutumée. De ce fait, le Pacifique Nord se réchauffe également plus rapidement ces dernières années.
Ces effets, simulés par les modèles numériques développés par Laura Wilcox et Bjørn Samset, ont été confirmés par les observations satellitaires, ce qui prouve que la dépollution massive de l'Est de l'Asie ces dernières années a eu un effet négatif sur le climat mondial en accélérant l'augmentation des températures moyennes.
La diminution des aérosols en Asie de lEst en particulier en #Chine, liée à la baisse de la pollution de l'air, a probablement contribué à la récente accélération du réchauffement climatiquehttps://t.co/IRfZCmj6Fi pic.twitter.com/R36vGZm07P
— Mystere Climat (@MystereClimat) July 15, 2025
Malgré tout, les chercheurs précisent que le problème fondamental auquel nous devons faire face reste celui des émissions de gaz à effet de serre. En effet, il est important de préciser que la dépollution de l'Est de l'Asie n'a pas provoqué de réchauffement supplémentaire mais a plutôt mis fin à un refroidissement artificiel qui nous a temporairement protégés d'une augmentation encore plus importante des températures moyennes causées par le réchauffement climatique.
Au final, cette pollution ne constituait qu'une sorte de voile cachant l'ampleur des conséquences désastreuses de l'activité humaine sur le climat, conséquences qui sont de plus en plus visibles chaque année. La pollution atmosphérique doit ainsi être combattue coûte que coûte, et ce même si cette dépollution a des conséquences insoupçonnées comme celle décrite précédemment.
Référence de l'article :
La pollution de l'air en Asie a baissé, et cela a paradoxalement accéléré le réchauffement planétaire, Geo (15/07/2025), Jean-Baptiste Bonaventure