Un test salivaire pour détecter l’endométriose ? Certains experts mettent le holà !
L’Endotest, présenté en 2022, a été très bien accueilli par le gouvernement. Ce test salivaire, censé déceler l’endométriose, se dit révolutionnaire. Mais de nombreux experts démontrent les limites de ce test.

Endométriose. Et si c’était la fin du calvaire ? On estime qu’une femme sur dix en âge d’avoir des enfants serait touchée par cette maladie inflammatoire, qui provoque de fortes douleurs au moment des règles des personnes menstruées. Cela représente environ 190 millions de femmes. Un important risque d’infertilité découle de l’endométriose et, très souvent, l’errance médicale peut durer des années avant qu’enfin, un diagnostic réel ne soit posé.
Un test salivaire, censé détecter l’endométriose
En 2022, une start-up basée à Lyon, baptisée Ziwig, présente ce qu’elle appelle une "révolution" : l’Endotest, un test salivaire qui permettrait de déceler l’endométriose. Celui-ci est conçu à partir d’une technologie basée sur les micro-ARN et sur l’IA. Objectif annoncé de ce dispositif : "la détection précoce de toutes les formes d'endométriose, même les plus complexes". Et le gouvernement appuie cette initiative. La ministre de la santé durant l’automne 2024, Geneviève Darrieussecq, était particulièrement fière. "Le projet Ziwig incarne l'excellence française en matière d'innovation médicale".
Un bon début, mais pas suffisant pour de nombreux professionnels de santé
Révolution médicale ? Pas pour tout le monde. Plusieurs experts affirment qu’il s’agit d’un premier pas, mais que cela n’est pas suffisant. Bianca Schor, chercheuse à l'université d'Amsterdam en intelligence artificielle pour la santé des femmes, s’interroge. "Est-ce que l'on peut généraliser un outil qui a été basé sur une population seulement ?" En effet, l’étude utilisée par Ziwig porte exclusivement sur des femmes Françaises et surtout, elle ne porte que sur 200 femmes. Loin d’être suffisant.
Ludivine Doridot est professeure à l'Inserm, à Paris. Et pour elle aussi, l’Endotest résulte plus d’une belle promesse que d’une réelle avancée. Elle déplore l'enthousiasme du gouvernement, notamment financier, pour ce test, au détriment d’autres possibilités pour lutter contre l’endométriose. "Cela ne va pas aider d'autres sociétés à développer des technologies qui pourraient demain avoir un impact bénéfique".

Et côté patientes, certaines partagent le même avis. Arounie Tavenet, patiente, mais également ex-membre du comité chargé de la stratégie nationale endométriose, semble aussi déçue. "On aurait pu espérer des processus accélérés pour ce qui est présenté comme une priorité nationale, plutôt que de soutenir exagérément l'évaluation d'un test salivaire qui éthiquement nous questionne et qui, in fine, ne représente pas une avancée majeure pour les patientes".
Et si des pays comme l’Australie semblent plus préparés à la question de l’endométriose et donc, à traiter la maladie, ailleurs (comme en France, par exemple), c’est souvent l'existence de diagnostic clair, souvent lié à un manque de compétences de la part des gynécologues. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir des femmes partir à l’étranger pour obtenir une intervention chirurgicale, à cause du désert médical dans leur propre pays.
Référence de l’article :
Endométriose : le pari contesté de l'Endotest, choyé par l'Etat