Manger moins de viande préserve notre santé et celle de la planète. Où en est la consommation des Français ?

Comment réussir à nourrir la planète sans la détruire ? Dans une étude publiée le 3 octobre, une commission scientifique donne ses préconisations pour limiter la dégradation de l’environnement, la hausse des maladies chroniques et les inégalités : en premier lieu, manger moins de viande.

Un Français consomme en moyenne 60 kg de viande par an, un chiffre bien au-dessus des recommandations de l'étude du Lancet.
Un Français consomme en moyenne 60 kg de viande par an, un chiffre bien au-dessus des recommandations de l'étude du Lancet.

À nouveau, les scientifiques appellent à manger moins de viande. Dans le rapport publié par la revue médicale The Lancet et l’ONG Eat, leurs recommandations encouragent à favoriser des « systèmes alimentaires sains, durables et équitables », pour les 10 milliards d’humains qui peupleront la planète en 2050.

Ils recommandent de manger moins de 200g de viande rouge par semaine, alors que les Européens en consomment en moyenne plus de 500 grammes. En France, on consomme en moyenne 60 kg de viande par an. Pour la volaille et le poisson, il faut s'en tenir a pas plus de deux fois par semaine, les œufs, trois ou quatre fois. Pour ce qui est des légumes, fruits, céréales, noix et légumineuses, pas de limitations !

Quel impact sur l'environnement et la santé ?

« La consommation de viande rouge est associée à un risque plus élevé de mortalité dans les pays où elle est élevée depuis plusieurs décennies », explique l'étude. Selon WWF, les Nations Unies prévoient qu’en 2050, alors que la population devrait atteindre près de 10 milliards d’individus, la consommation de viande devrait encore augmenter de plus de 75% à l’échelle du globe !

Ce sont chaque année, 65 milliards d’animaux qui sont tués, soit près de 2 000 animaux par seconde, un chiffre vertigineux. Et cette production massive n’est pas sans conséquence sur l'environnement. « En France, entre 25 et 30% de notre empreinte carbone est liée à notre alimentation, avec une forte contribution du secteur de l'élevage », souligne WWF.

Dégâts pour la planète

Gourmande en eau, la production de viande l’est aussi en terres. 33 % de la surface terrestre du monde sont consacrées à la culture ou à l’élevage (IPBES, 2019) et 80% de la déforestation est due à l'agriculture (FAO, 2015), principalement en raison du développement de la culture de soja destiné à nourrir le bétail.

75% des espèces de plantes, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères ayant disparu depuis l’an 1500 après J.-C. ont été victimes de surexploitation ou d’activités agricoles, ou des deux, ajoute le Rapport Planète Vivante publié en 2018.

Pour la première fois, les chercheurs ont également évalué la responsabilité des systèmes alimentaires mondiaux dans le bouleversement des neuf limites planétaires. Selon leurs estimations, il s’avère que l’alimentation dans sa forme actuelle est la principale responsable de la transgression de ces limites.

Changer nos systèmes alimentaires vers des régimes moins carnés permettrait de réduire la déforestation, notre consommation d’eau et nos émissions de gaz à effet de serre. Cela limiterait également les maladies comme le diabète de type 2, l’obésité, les maladies cardiovasculaires et certains cancers. Selon les auteurs du rapport, suivre leurs conseils permettrait d’éviter 15 millions de morts humaines prématurées par an. Et celles de dizaines de milliards d’animaux.

Références de l'article :

Reporterre, À nouveau, des scientifiques appellent à manger moins de viande

The Lancet, The EAT–Lancet Commission on healthy, sustainable, and just food systems

WWF, Viande : en consommer moins mais mieux