Violents orages en France : pourquoi certains osent remettre en cause la vigilance orange ?

    Après le terrible bilan humain et matériel des orages de mercredi soir en France, certains ont remis en question la pertinence de la vigilance orange de Météo-France. Était-elle justifiée ? Les prévisions ont-elles été dépassées par la réalité ?

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    La vigilance orange de Météo-France met en garde contre des phénomènes météorologiques dangereux (image d'illustration - PhotoGranary - stock.adobe.com).

    Météo-France avait mis en garde dès mardi 24 juin au soir, et mercredi 25 juin à 16h un total de 57 départements avaient été placés en vigilance orange pour un risque d'orages violents. Malgré ces mesures de prudence, on recense 2 morts, 17 blessés et des dégâts matériels considérables. Face à ce lourd bilan, certains remettent en cause cette vigilance orange : qu'en est-il exactement ?

    Des orages particulièrement intenses

    Si les trois départements de la côte aquitaine, moins touchés que prévus, sont vites sortis de la vigilance orange mercredi en milieu de soirée, presqu'aucun département n'a échappé aux orages entre mercredi après-midi et jeudi matin. Les rafales de vent ont été particulièrement puissantes : près de 140 km/h à Bailleul-le-Soc (Oise), 135 km/h à Montbeugny (Allier), 126 km/h à Bernay (Eure).

    Plus globalement, ces rafales ont souvent dépassé les 100 à 110 km/h, y compris en région parisienne (109 km/h au Bourget, 112 km/h à la Tour Eiffel), avec même un phénomène de derecho, sur un axe Sud-Ouest/Nord-Est. Il s'agit de fortes rafales descendantes évoluant de manière rectiligne, provoqués par des orages étendus.

    Outre les plus de 40.000 éclairs recensés sur le pays, on notera aussi les grêlons de 6 à 8 centimètres de diamètre tombés localement, comme dans les Hautes-Pyrénées. Ces orages ont parfois déversé 20 à 40mm de pluie en moins d'une heure (20mm dans le quartier de Beaugrenelle à Paris), jusqu'à 50mm à Bernay (Eure), qui a même reçu 9,5mm de pluie en une minute, peut-être un record !

    Que prévoyait le bulletin de vigilance ?

    À quoi correspond concrètement une vigilance orange ? Selon les données de Météo-France, il s'agit du niveau 3 sur 4 de vigilance, pour lequel des phénomènes météorologiques dangereux sont prévus à l'échelle départementale (30% du département au moins). Il est nécessaire de se tenir au courant de l'évolution météorologique et de suivre les conseils émis par les pouvoirs publics.

    Dans le bulletin de vigilance écrit par des prévisionnistes et disponible sur le site et l'application mobile de Météo-France, il était indiqué ceci : "Les enjeux concernent les fortes intensités pluvieuses (30 à 50mm en 1 à 2 heures), des chutes de grêle de taille moyenne à grosse (2 à 5cm, voire plus), et des rafales pouvant dépasser les 100 km/h (possiblement 100/120 km/h)."

    Alors que dans certains médias, journalistes et riverains s'étonnaient de la violence de ces orages ("on a été surpris", "même avec cette vigilance orange, on ne pensait pas à une telle virulence"), force est de constater que Météo-France avait vu juste pour tous les paramètres : les fortes pluies, les fortes rafales de vent et les chutes de grêle, et un quasi sans faute sur la précision de l'intensité.

    Fallait-il déclencher une vigilance rouge ?

    Comment expliquer alors un tel bilan humain et une telle surprise ? Cela renvoie au bon sens : c'est à chacun de bien s'informer et de choisir les bonnes applications météo ou le bon site de prévisions. Météo-France alerte, d'autres médias spécialisés relayent l'information : c'était le cas de tameteo.com, mais pas forcément des applications météo d'IPhone ou de Samsung par exemple.

    Il faut aussi pointer la responsabilité des journalistes météo : ils sont la voie de transmission entre les scientifiques et le grand public, ils doivent vulgariser et suffisamment alerter leurs auditeurs et téléspectateurs. Même les passionnés de météo connaissaient ce risque énorme mercredi…

    Enfin, certains reportages se sont interrogés sur la pertinence d'une vigilance rouge dans ces conditions. Une telle vigilance a été par exemple déclenchée dans le Nord-Est en juillet 2023 : il s'agissait alors d'un risque d'orages encore plus violents, avec des rafales au-delà de 150 km/h, des grêlons encore plus gros et même un risque important de tornades.

    Il faut donc garder une certaine mesure, l'intensité des orages de mercredi correspondait bien à un niveau de vigilance orange. Par ailleurs, ces orages ont été certes étendus, mais leur violence localisée : à l'échelle d'un département, la vigilance rouge n'aurait donc pas été justifiée. Il était cette fois impossible de savoir où le couloir de vents les plus violents allait passer…