Terrible sécheresse en Italie : le risotto est-il vraiment menacé de disparition ?

Apprentis cuisiniers ou chefs étoilés, ce qui va suivre va vous dérouter ! Le "riz à risotto" vit-il ses dernières heures en Italie ? La production chute drastiquement à cause de la sécheresse historique du Pô, mais tout n'est pas perdu…

Sécheresse fleuve Pô Italie
Le fleuve Pô en Italie est alimenté aux deux-tiers par la fonte des neiges alpines. Une neige qui manque de plus en plus, ce qui aggrave la sécheresse chronique.

Va-t-on vraiment manquer de risotto ? La menace plane sur le riz carnaroli, le célèbre “riz à risotto” italien, dont les rendements chutent à mesure des sécheresses et fortes chaleurs à répétition depuis 2022. Principale responsable : l’irrigation en eau, notamment issue de la fonte des neiges, qui fait défaut du fait du réchauffement climatique.

La pire sécheresse depuis 200 ans dans la plaine du Pô !

Le riz carnaroli, c’est plus qu’une tradition en Italie : on l’appelle “le roi des riz”, car il est le seul et l’unique capable de résister à de fortes puissances de cuisson et à capturer toutes les saveurs, autrement dit un risotto ne serait pas un vrai risotto sans cette variété de riz. Celui-ci dispose d’un trait génétique lui permettant d’absorber les condiments et les arômes caractéristiques du risotto.

Or, en 2022, la production de ce riz aurait chuté de 50%, selon le chercheur Filip Haxhari, de l’Ente Nazionale Risi. Plus globalement, les rendements de riz ont chuté de plus de 30% dans la plaine agricole du Pô, entraînant de grandes difficultés économiques chez les agriculteurs : ces derniers ont perdu 26.000 hectares de rizières cette même année.

C’est la sécheresse exceptionnelle de 2022 dans le pays qui a mis à mal les récoltes de riz. Dans la région du Pô, c’était la pire sécheresse depuis 200 ans, et rien ne s’est arrangé en 2023, avec des épisodes secs récurrents et de fréquentes vagues de chaleur, facteur aggravant. La gestion de l’eau devient donc un enjeu majeur en Italie, alors que d'autres régions comme la Sicile sont touchées cette année.

Principal responsable : le manque de neige dans les Alpes !

Cette sécheresse désormais récurrente dans la plaine du Pô serait notamment due au manque de neige dans les Alpes, selon certains hydrologues. Les deux-tiers de l’irrigation du Pô viennent en effet de la fonte de la neige alpine, notamment entre avril et juin, une période où l’eau pénètre le sol très efficacement.

Quand les Alpes sont peu enneigées, alors la neige fondue ne peut pas correctement irriguer les cours d’eau. En 2022, les ressources en eau issues de la fonte des neiges dans les Alpes étaient 60% plus basses que la normale. Même chose en 2023, comme le montre le tweet ci-dessus.

Si les fortes chutes de neige (parfois plus d’un mètre) tombées ce week-end dans les Alpes frontalières pourraient améliorer les choses dans le Pô à la fin du printemps, il faudrait aussi à l’avenir penser à réparer les infrastructures défaillantes. Les aqueducs endommagés entraînent en effet jusqu’à 40% de pertes d’eau, selon le bureau national italien des statistiques.

Patrimoine national, le risotto ne disparaîtra pas pour autant, mais pourrait être réalisé avec d’autres variétés de riz dans le monde qui possèdent des caractéristiques semblables au riz carnaroli : certains italiens considèrent cette modification de recette comme un sacrilège culinaire, avec peut-être un changement de goût et de texture à la clé.

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