En quoi la présence de manganèse sur Mars suggère-t-elle des parallèles intrigants avec notre propre planète ?

Des chercheurs utilisant l'instrument ChemCam du rover Curiosity de la NASA ont découvert des quantités importantes de manganèse dans les roches sédimentaires du cratère Gale de Mars. Pour en savoir plus, cliquez ici !

Cette nouvelle découverte suggère que ces minéraux ont été déposés par d'anciennes masses d'eau, telles que des rivières, des deltas ou des lacs, selon une nouvelle étude.
Cette nouvelle découverte suggère que ces minéraux ont été déposés par d'anciennes masses d'eau, telles que des rivières, des deltas ou des lacs, selon une nouvelle étude.

Patrick Gasda, du groupe « Sciences et applications spatiales » du laboratoire national de Los Alamos et auteur principal de l'étude qui rend publique la découverte de manganèse - un élément chimique, symbole Mn, numéro atomique 25 et masse atomique 55 u, solide à température ambiante - sur Mars, explique qu'il est très difficile pour l'oxyde de cet élément chimique de se former à la surface de Mars et que l'équipe ne s'attendait donc pas à le trouver en concentrations aussi élevées dans un dépôt côtier.

« Sur Terre, ces types de dépôts se produisent constamment en raison de la forte teneur en oxygène de notre atmosphère, produite par la vie photosynthétique et les microbes qui aident à catalyser les réactions d'oxydation du manganèse. »

Patrick Gasda.

Quant à Mars, nous n'avons aucune preuve que la vie y existe ou y a jamais existé, et le mécanisme de production d'oxygène dans l'ancienne atmosphère martienne n'est pas clair non plus, de sorte que la façon dont l'oxyde de manganèse s'est formé et s'est concentré sur place est vraiment intrigante. Ces résultats indiquent que des processus plus importants se déroulent dans l'atmosphère martienne ou dans les eaux de surface et montrent qu'il reste encore beaucoup à faire pour comprendre l'oxydation sur la planète rouge.

Le processus de découverte

Développée par Los Alamos et le CNES (l'agence spatiale française), ChemCam utilise un laser pour vaporiser les surfaces rocheuses et analyser la composition élémentaire du plasma qui en résulte.

L'équipe a étudié une variété de sédiments dans le cratère, notamment des sables, des limons et des boues. Ils ont remarqué que les sédiments sableux, plus poreux, permettaient aux eaux souterraines de circuler plus facilement que les boues plus fines qui dominent les lits des lacs.

Ils ont étudié comment l'enrichissement en manganèse pouvait se produire dans ces sables, éventuellement par le mouvement des eaux souterraines près d'un lac ou d'un delta, et quels oxydants pouvaient être impliqués dans la précipitation du manganèse dans ces roches.

youtube video id=oayVInNUq8w

Sur Terre, le manganèse est souvent concentré par l'oxygène de l'atmosphère, un processus souvent accéléré par l'activité microbienne. Les microbes utilisent les différents états d'oxydation du manganèse pour obtenir de l'énergie. Si Mars a un jour abrité de la vie, la teneur élevée en manganèse de ces roches lacustres a pu constituer une source d'énergie cruciale.

L'environnement du lac Gale, tel qu'il est révélé par ces roches anciennes, nous ouvre une fenêtre sur un environnement habitable qui est étonnamment similaire aux endroits que l'on trouve aujourd'hui sur Terre.

Référence de l'article :
Gasda P., Lanza N., Meslin P., et al. Manganese-Rich Sandstones as an Indicator of Ancient Oxic Lake Water Conditions in Gale Crater, Mars. JGR Planets (2024).

À la une