Ce fruit est peut-être la solution face à la sécheresse des sols dans les Pyrénées-Orientales !

La pistache sera-t-elle le salut des agriculteurs à l'horizon 2050 dans les Pyrénées-Orientales ? Pour faire face à la sécheresse des sols, des associations ont en effet pris l'initiative de planter des espèces de pistachiers, bien plus résistantes !

Sécheresse sols Pyrénées-Orientales fleuve côtier
Le niveau des nappes phréatiques est au plus bas dans ce département, et le faible enneigement dans les Pyrénées ne permettra pas, avec la fonte, d'alimenter les fleuves et les lacs parfois à sec.

Le pistachier va-t-il bientôt pousser dans toute la plaine du Roussillon, pour contrer les effets de la sécheresse sur la production agricole ? C'est en tout cas le pari sur lequel mise l'association "Avenir productions agricoles résilientes méditerranéennes" (Aparm), selon qui cette espèce d'arbre fruitier sera parfaitement adaptée au climat local d'ici 2050.

D'abord des greffons

Une trentaine de volontaires de cette association ont décidé en ce mois de février toujours aussi sec dans les Pyrénées-Orientales de planter environ 80 pistachiers de 4 variétés différentes, dans un champ labouré du village de Claira, près de Perpignan. Ces arbustes fruitiers ont de très faibles besoins en eau et peuvent pousser quasiment partout, y compris sur des sols caillouteux et desséchés, comme le montre la vidéo ci-dessous.

Les pistaches commercialisées en France ne poussent pas dans la nature : l'équipe de volontaires a donc en fait planté des greffons. Le porte-greffe choisi pour ces 4 variétés de Grèce et d'Italie est un pistachier térébinthe, très abondant dans la garrigue, dont les fruits sont minuscules. L'enjeu sera, avec la croissance de ces arbres, d'identifier les mieux adaptés à la région, c'est-à-dire ceux qui pousseront plus facilement sur des friches sans eau et vulnérables aux incendies.

La situation est en effet dramatique au niveau de la sécheresse des sols, puisque le taux d'humidité actuellement mesuré correspond à celui habituellement observé à la fin du mois d'août. Quant au potentiel de ces plantations, il faudra patienter ! La première floraison des pistachiers n'interviendra que dans quatre ans, et la première récolte encore plus tardivement...

Jusqu'à 1,5 tonne de pistaches par arbre !

L'enjeu, c'est de trouver pour les générations futures des cultures plus pérennes pour le département, face au manque d'eau. Certains viticulteurs ont perdu 70% de leur récolte en raison de la sécheresse en 2023. La pistache est peut-être l'avenir pour 2050, et certains l'ont compris, comme dans l'Aude où deux frères ont installé 6 hectares de pistachiers dès 2015 dans leur exploitation céréalière et viticole.

Après les canicules de 2003, 2006 et des étés très chauds en 2010 et 2011, ces agriculteurs ont décidé de prendre en main leur destin et de miser sur la pistache, non sans succès puisque les plus anciens arbres plantés, âgés de 8 ans, ont donné au total 100 kilos de pistaches par hectare l'an dernier ! Les experts considèrent qu'arrivés à maturité, c'est-à-dire vers 25 ans, ces arbres peuvent produire jusqu'à 1 ou 1,5 tonne de pistaches chaque année !

Cette année, "sans la moindre goutte d'eau", les pistachiers ont très bien tenu. Cela est donc plutôt de bon augure pour les décennies à venir : reste à savoir si l'ensemble de la profession va suivre ce virage, et si l'Etat y mettra son grain de sel. L'essentiel étant aussi, en plus de se passer d'irrigation, d'assurer un revenu aux agriculteurs dans cette période compliquée...

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