Surtourisme : comment l'Islande s'oriente-t-elle vers un modèle plus durable ?
Hausse des taxes, encadrement des locations saisonnières, baisse des investissements hôteliers… L'Islande donne un coup de frein au développement irraisonné du tourisme. Face à la surfréquentation du territoire, le pays cherche à diversifier son économie et préserver son environnement.

Après Venise et Barcelone, c'est au tour de l'Islande de mettre en place des mesures pour lutter contre le surtourisme. Depuis une dizaine d'années, ce pays insulaire d'Europe du Nord, situé entre le Groenland et la Norvège, est l'une des destinations les plus prisées au monde. Ses paysages spectaculaires composés de volcans, geysers, sources chaudes et champs de lave, ses parcs nationaux comportant d'immenses glaciers protégés et son histoire viking en font un lieu d'inspiration pour les voyageurs en quête d'expériences authentiques.
Avec 2,5 millions de visiteurs par an, l’Islande accueille près de six fois sa population. Certes, ce boom touristique a permis de redresser l’économie du pays mise à mal par la crise financière de 2008, mais à quel prix ? Les infrastructures saturent, les prix de l’immobilier s'envolent et les sites naturels se dégradent. Certains lieux emblématiques, comme le Cercle d’Or, qui regroupe trois sites touristiques majeurs - le Parc National de Thingvellir, la zone de geysers de Geysir et la cascade Gullfoss - sont envahis au point de perdre leur caractère sauvage. Reykjavik voit ses habitants fuir le centre-ville, où les logements sont accaparés par les locations touristiques.

Développer des secteurs à forte valeur ajoutée
Pour reprendre la main, le gouvernement islandais a instauré une série de mesures restrictives. Une nouvelle taxe va voir le jour, destinée à financer l’entretien des infrastructures et la protection des sites naturels. Les locations de type Airbnb seront davantage encadrées pour limiter leur impact sur le marché immobilier.
De manière plus globale, l'Islande cherche à diversifier son économie pour limiter sa dépendance à l'industrie touristique. Ainsi, le pays veut développer des secteurs à forte valeur ajoutée, comme les énergies renouvelables et le secteur de la data. Grâce à son potentiel en géothermie, le pays ambitionne d’attirer des entreprises spécialisées dans les centres de données et l’intelligence artificielle.
Des mesures diversement accueillies
Si ces décisions sont accueillies favorablement par la population, il n'en est pas de même pour les professionnels du tourisme, qui craignent une baisse brutale de leurs revenus. De son côté, la compagnie aérienne islandaise Play Airlines fait la sourde oreille et poursuit son expansion en renforçant ses liaisons vers l’Europe. Un contraste révélateur des tensions entre les acteurs économiques du pays.
Pourtant, cette stratégie est regardée de près par d'autres destinations confrontées au tourisme de masse. En misant sur la qualité plutôt que la quantité, le pays espère préserver son environnement tout en maintenant un flux touristique maîtrisé. L'Islande ouvre-t-elle la voie à un modèle de tourisme durable ?