Le changement climatique a rendu la sécheresse d'été 20 fois plus probable

Des épisodes de sécheresse estivale plus intenses et plus fréquents : c'est ce qui est promis à l'hémisphère Nord dans les prochaines décennies avec l'aggravation du réchauffement climatique. La sécheresse vécue par de nombreux pays cet été a déjà été rendue 20 fois plus probable par le changement climatique en cours.

Sécheresse Loire Ancenis été 2022
Sécheresse historique cet été dans le lit de la Loire, à hauteur d'Ancenis (Loire-Atlantique).

Cours d'eau à sec, restrictions, records de faibles précipitations : l'été 2022 a souvent été historique dans plusieurs pays de l'hémisphère Nord (en-dehors des tropiques). Europe de l'Ouest (et notamment la France), Chine, Etats-Unis : la sécheresse a durement frappé, avec de lourdes conséquences pour le secteur agricole et l'économie.

Selon les chercheurs du World Weather Attribution (WWA), cette sécheresse estivale a été rendue 20 fois plus probable par l'actuel réchauffement climatique causé par l'activité humaine. Si les sombres perspectives du GIEC se confirment, ces épisodes devraient se multiplier et s'intensifier d'ici la fin du siècle…

La même sécheresse dans 20 ans ?

Les scientifiques du WWA estiment qu'une telle sécheresse des sols risque en effet de se produire tous les 20 ans avec le réchauffement actuel, contre tous les 400 ans environ (voire moins) sans réchauffement. Les experts de la Commission européenne avaient d'ailleurs estimé cet été que cette sécheresse était "la pire depuis au moins 500 ans".

La probabilité qu'une telle sécheresse agricole survienne à nouveau (c'est-à-dire le manque d'humidité dans la partie du sol où les plantes extraient l'eau nécessaire à leur survie) a donc été augmentée d'un facteur 20. Quant à la sécheresse des sols en surface (sensible notamment à la régularité des précipitations), sa probabilité a été augmentée d'un facteur 5.

Les chercheurs de l'étude précisent qu'il ne s'agit que d'estimations, les chiffres exacts étant "incertains". "La véritable influence des activités humaines est probablement plus élevée", estime avec inquiétude le WWA...

Un impact moindre en Europe, mais…

En épluchant davantage l'étude, on se rend compte que cette hausse des probabilités de sécheresse est moins spectaculaire en Europe occidentale et en Europe orientale. Le réchauffement climatique d'origine humaine mène à des sécheresses de surface 5 à 6 fois plus probables, et des sécheresses agricoles 3 à 4 fois plus probables "seulement" (et les guillemets sont utiles).

Toutefois, les auteurs précisent que cela ne veut pas dire que l'impact du changement climatique est moindre en Europe, mais qu'il vaut mieux prendre une échelle plus importante pour tirer des conclusions sur des événements extrêmes, afin de lisser les disparités régionales.

"Lorsqu'on s'intéresse à des régions plus petites, on trouve plus de variabilité quotidienne de la météo dans les données", estime Friederike Otto, co-autrice de l'étude. De telles sécheresses, sans réchauffement, se seraient produites tous les 60 à 80 ans en Europe. L'accélération du changement climatique se manifeste donc aussi dans cette région du globe…

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