Réchauffement climatique : peut-on sauver les glaciers de la planète grâce à la glace ancienne du Tadjikistan ?

C'est une anomalie étonnante, dans un contexte de réchauffement climatique : dans une région montagneuse du Tadjikistan, certains glaciers ne fondent pas, voire grossissent ! Est-ce un espoir pour la survie des autres glaciers de la planète ?

Glaciers Tadjikistan prétexte
Certains attribuent cette anomalie glaciaire au climat froid ou à l'utilisation accrue d'eau agricole au Pakistan voisin, qui générerait davantage de vapeur.

Mais pourquoi donc les glaciers du Tadjikistan résistent-ils à la fonte rapide des glaces observée sur toute la planète ? C'est ce que tente de découvrir le glaciologue japonais Yoshimori Iizuka en analysant des échantillons de glace prélevés dans le cadre d'un projet international. Des recherches qui pourraient peut-être permettre de sauver tous les glaciers du monde

L'"anomalie du Pamir-Karakoram"

Ce chercheur est peut-être très ambitieux, mais il estime qu'en comprenant ce mécanisme d'augmentation du volume des glaces au Tadjikistan, il serait possible de l'appliquer à tous les autres glaciers du monde, et ainsi les régénérer. Les carottes de glace analysées ont été prélevées à 5.810 mètres d'altitude sur la calotte glaciaire de Kon-Chukurbashi, dans les montagnes du Pamir au Tadjikistan, en Asie centrale.

Cette zone est donc la seule de la planète où non seulement les glaciers résistent à la fonte, mais ont même parfois légèrement grossi : ce phénomène a été baptisé "anomalie du Pamir-Karakoram".

D'environ 105 mètres chacune, les deux carottes de glace sont conservées pour l'une dans une chambre froide à -50°C, dans le laboratoire de Iizuka, pour l'autre dans un sanctuaire souterrain en Antarctique de la fondation Ice Memory, qui a soutenu l'expédition.

Les chercheurs essayent maintenant de savoir pourquoi les précipitations ont augmenté dans la région au cours du siècle dernier, et comment les glaciers ont pu résister à la fonte. Certains attribuent cette anomalie au climat froid ou à l'utilisation d'importantes quantités d'eau par l'agriculture au Pakistan voisin : cela pourrait générer davantage de vapeur, donc de nuages puis de neige.

Des traces remontant à 10.000 ans ?

Analyser profondément les carottes glaciaires est crucial pour comprendre les accumulations continues de neige du passé jusqu'à aujourd'hui : cela permettra de savoir ce qui se passera à l'avenir et surtout pourquoi la glace a grossi dans cette région. Il s'agit d'étudier la densité, l'orientation des grains de neige et la structure des couches de glace.

Ces échantillons de glace racontent en effet l'histoire des conditions météo sur des siècles : une couche de glace transparente indique une période chaude où le glacier a fondu avant de regeler, alors qu'une couche peu dense suggère de la neige tassée, très utile pour estimer les précipitations.

Certains indices peuvent aussi apporter des informations supplémentaires : des matériaux volcaniques comme des ions sulfates peuvent servir de repères temporels, alors que les isotopes de l'eau révèlent les températures enregistrées dans le passé. L'enjeu est de tenter de trouver des traces remontant à 10.000 ans ou plus, malgré la fonte de ces glaciers lors d'un épisode chaud il y a 6.000 ans.

Analyser cette glace ancienne permettrait d'étudier combien et quels types de particules fines étaient en suspension dans l'atmosphère à l'époque glaciaire, quel type de neige tombait dans cette région il y a 10.000 ans et ce qu'elle contenait… Les premiers résultats de l'étude seront publiés l'an prochain : peut-être révèleront-ils les secrets des glaciers du Tadjikistan…

Référence de l'article :

Sud Ouest. "Cela pourrait aider à les régénérer" : pourquoi les glaciers du Tadjikistan pourraient offrir des solutions face à la fonte.