Pourquoi l'activité touristique devient vraiment inquiétante en Antarctique ?

L'Antarctique, un continent pourtant inhospitalier et isolé du reste du monde, a vu son activité touristique nettement augmenter ces dernières années, ce qui a des conséquences néfastes pour l'environnement, notamment en terme de pollution.

Tourisme
L'Antarctique est de plus en plus prisée par les touristes, souvent via l'intermédiaire de croisières permettant de poser temporairement le pied sur le continent blanc

L'activité touristique est de plus en plus importante en Antarctique, continent jusqu'alors le plus préservé au monde de l'activité humaine, activité qui n'est malheureusement pas sans conséquences pour cette région.

Une pollution liée au tourisme

Peu de gens le savent, mais l'Antarctique n'a été découverte qu'assez tardivement. En effet, il a fallu attendre l'année 1819 pour que ce continent de 14 millions de kilomètres carrés, soit plus que l'Europe ou l'Océanie, soit aperçu par le capitaine britannique William Smith. Certaines études estiment toutefois que ce continent de glace aurait été découvert bien plus tôt par les polynésiens, quelques 1100 ans plus tôt.

Dans tous les cas, c'est notamment à partir du 19ème siècle que l'exploration de ce continent a véritablement débuté, de nombreuses expéditions scientifiques étant organisées pour tenter de percer ses secrets. Plus d'un siècle plus tard, si les expéditions scientifiques y sont encore monnaie courante, un nouveau phénomène prend de plus en plus d'ampleur en Antarctique : le tourisme.

Selon une étude publiée dans la revue Nature Sustainability, l'activité touristique est en effet de plus en plus importante sur ce continent pourtant inhospitalier. En effet, si 20 000 touristes découvraient chaque année l'Antarctique il y a 20 ans, ils sont aujourd'hui 120 000 à observer ou marcher sur des glaciers parmi les plus grands du monde.

Or, dans les zones d'activités humaines, la concentration de particules fines contenant des métaux lourds comme le nickel, le chrome, le cuivre, le zinc ou encore le plomb est dix fois plus élevée qu'il y a 40 ans, ce qui est loin d'être bénéfique pour les régions concernée.

En effet, ces particules accélèrent la fonte des neige, notamment en raison du fait qu'une neige contenant des impuretés fond plus facilement que lorsqu'elle est propre (modification de l'effet d’albédo). Selon l'étude citée précédemment, un seul touriste peut ainsi contribuer à accélérer la fonte de 100 tonnes de neige. Il est ainsi facile d'imaginer le résultats avec 120 000 touristes chaque année...

Un impact toujours plus important

Néanmoins, la pollution aux métaux lourds n'est pas la seule conséquence du surtourisme en Antarctique, loin de là. On peut par exemple citer la dégradation des sols, l'accumulation des déchets, la perturbation de la faune locale ou encore le risque non négligeable d'apporter des espèces invasives sur un continent jusque là très isolé du reste du monde.

Les effets de l'activité humaine sur le continent Antarctique ne sont d'ailleurs pas seulement dus au surtourisme. De nombreuses études alertent sur le fait que le continent subit des transformations abruptes, rapides et inquiétantes, notamment en liaison au changement climatique.

La glace et la neige fondent de plus en plus rapidement sur le continent blanc, ce qui engendre un cercle vicieux accélérant toujours plus cette fonte. Plus la glace et la neige disparaissent, moins il y a de blanc reflétant les rayons du soleil et donc plus la zone se réchauffe rapidement. 135 milliards de tonnes de glace et de neige disparaissent ainsi chaque année en moyenne en Antarctique.

Les conséquences de cette fonte des glaces sont également visibles dans le monde entier, perturbant certains courant océaniques, le climat mais pouvant également engendrer une hausse non négligeable du niveau des mers, menaçant de nombreuses régions à travers le monde. On peut par exemple citer la calotte glaciaire Ouest-Antarctique, qui est sous la menace d'un basculement irréversible. Celle-ci contient assez d'eau pour faire s'élever les océans de plusieurs mètres !

Le surtourisme est donc loin d'être une bonne nouvelle pour l'Antarctique, l'influence de l'Homme y étant déjà bien trop importante depuis maintenant plusieurs décennies. Même si quelques progrès sont observés, comme l'interdiction du fioul lourd (un dérivé du pétrole) et l'utilisation de navires combinant électricité et combustibles fossiles pour s'y rendre, peut-être faudrait-il limiter purement et simplement l'activité touristique sur le continent blanc, histoire de le préserver au maximum de l'influence humaine pour le bien de la faune et la flore locale, mais aussi du monde entier.

Référence de l'article :

L'Antarctique à son tour victime du surtourisme, FranceInfo (22/08/2025), Guillaume Farriol