Pollution : pourquoi les lacs et cours d'eau en France et en Europe sont dans un état critique ?

D'après la Commission européenne, la majorité des eaux de surface du continent sont aujourd'hui bien trop polluées, leur état sanitaire est donc jugé comme "critique".

Pollution
La Commission européenne a récemment annoncé que l'état sanitaire des eaux superficielles à travers le continent était considéré comme "critique"

Selon un rapport de la Commission européenne, l'état sanitaire des eaux de surface en France et en Europe se montre critique en raison d'une importante contamination par des polluants toxiques.

Des eaux de surface encore trop polluées

La Commission européenne a publié ce 4 février 2025 un rapport sur l'état sanitaire des eaux de surface en Europe, état sanitaire qui est aujourd'hui jugé critique à l'échelle du continent.

Pour rappel, les eaux de surface (ou eaux superficielles), sont constituées de l’ensemble des masses d’eau courantes ou stagnantes, douces, saumâtres ou salées qui sont en contact direct avec l’atmosphère, autrement dit les cours d'eau, les océans, les mers, les lacs et les eaux de ruissellement.

Selon le rapport en question, seulement 39,5% des masses d'eau de surface de l'Union européenne sont en bon état écologique et 26,8% en bon état chimique, ce qui veut dire que la grande majorité d'entre-elles sont aujourd'hui polluées. De plus, le rapport en question met en avant le fait que ce bon état chimique concernait 33,5% des eaux superficielles en 2015, ce qui signifie que l'état des eaux de surface est de plus en plus dégradé à travers l'Union européenne.

Le texte précise notamment que ces eaux de surface sont principalement contaminées par le mercure et d'autres polluants toxiques. En revanche, les nappes phréatiques ont quant à elles connu une légère amélioration ces dernières années. En effet, le rapport indique que 86% des masses d'eau souterraines étaient en bon état chimique en 2021 contre 82,2% en 2015.

En France, l'Union européenne insiste notamment sur l'impact de l'agriculture sur l'état des eaux, en surface comme en profondeur. En effet, 31% des masses d'eau souterrains sont polluées par des pesticides et des nitrates selon le rapport, à cause notamment de l'agriculture. En juillet dernier, la Commission européenne avait d'ailleurs engagé une procédure contre la France devant la Cour de justice de l'UE pour non-respect de la directive sur l'eau potable, à cause de concentrations trop élevées de nitrates.

Les objectifs ne seront pas atteints

Le rapport en question précise également que, dans la plupart des cas, les États membres ne parviendront pas à atteindre les objectifs européens sur la qualité de l'eau fixés pour 2027. Ainsi, la commissaire européenne chargée de l'environnement doit dévoiler dans les prochains mois une stratégie sur la résilience de l'eau afin de tenter d'inverser la tendance.

Celle-ci promet de plus une proposition pour réviser la loi encadrant les substances chimiques en Europe d'ici la fin d'année, afin notamment de mieux lutter contre les PFAS, des polluants éternels synthétiques quasiment indestructibles contaminant de nombreuses eaux à travers le continent.

L'UE voudrait par exemple interdire ces PFAS dans les produits de consommation courante comme les boites à pizza ou les vêtements imperméables avec de possibles exceptions pour des produits jugés indispensables, notamment dans le domaine médical.

Dans tous les cas, la dépollution des PFAS dans l'environnement coûtera beaucoup d'argent et la bataille s'annonce de ce fait rude au printemps prochain pour négocier le futur cadre financier pluriannuel pour la période 2028-2035.

Enfin, la commissaire européenne évoque un besoin d’innovations en matière de financements pour l'environnement, comme la piste de « crédits nature » que pourraient obtenir et réinvestir des agriculteurs ou des propriétaires foresterie vertueux en matière d'écologie. Néanmoins, ces déclinaisons des crédits carbone sont accueillis avec beaucoup de scepticisme, notamment parmi les ONG qui redoutent une nouvelle « financiarisation » de la lutte environnementale.


Référence de l'article :

Les lacs et cours d’eau d’Europe sont dans un état « critique » à cause des pollutions, Ouest-France, 4 février 2025