Plan climat : la France mal préparée, alerte le Haut Conseil !

Le 10 mars, le gouvernement a publié le PNACC 3 pour préparer la France à un monde à +4°C. Mais le Haut Conseil pour le climat prévient : ce plan manque de clarté et d’ambition. Quelles failles et quelles solutions ?

2 juin 2016 : Inondations à Paris. La Seine est sur le point de déborder. Gros plan sur le musée d'Orsay. @Lucille Cottin

Le changement climatique est déjà une réalité. L'Europe est le continent qui se réchauffe le plus vite et, en France, le réchauffement a atteint 2,2°C sur les dix dernières années, un rythme supérieur à la moyenne mondiale. Et pourtant, notre pays peine encore à anticiper les bouleversements à venir. Le Haut Conseil pour le climat (HCC) le souligne : "nous ne sommes pas prêts".

La France en retard sur l'adaptation

Certes, le troisième Plan National d'Adaptation au Changement Climatique (PNACC 3), publié récemment, marque une avancée. Mais le HCC pointe des lacunes majeures : à ne citer que le manque de financements clairs, la faible prise en compte des inégalités territoriales et sociales, et l'absence d’une vision stratégique cohérente face à l’ampleur du défi.

La France doit désormais se préparer à un réchauffement pouvant atteindre +4°C d’ici 2100, une trajectoire qui entraînera des sécheresses prolongées, des vagues de chaleur extrêmes, une montée des eaux menaçant 500 000 logements et des pertes économiques massives.

Des solutions de court terme, mais où est la stratégie ?

Le PNACC 3 repose sur des mesures techniques comme la gestion de l’eau ou le renforcement des infrastructures. Mais cela ne suffit pas. Ce qu’il manque, c’est une approche transformationnelle : revoir la planification territoriale, adapter les infrastructures aux nouveaux risques, intégrer systématiquement la question climatique dans les politiques publiques….

Autre point d’alerte : l’absence de cartographie nationale précise des vulnérabilités climatiques. La France avance encore trop souvent à l’aveugle. Le HCC recommande une évaluation scientifique détaillée des risques à l’échelle locale afin de guider les décisions politiques et économiques.

Quid des financements ?

Sans financements adéquats, pas d’action efficace. Or, le PNACC 3 ne précise pas de budget clair pour sa mise en œuvre. Le Fonds vert, qui devait soutenir l’adaptation locale, a même été amputé de 1,35 milliard d’euros en 2025, alors que les besoins explosent.

Le système d’assurance face aux catastrophes naturelles constitue un autre sujet de préoccupation. Avec la multiplication des événements climatiques extrêmes, les coûts d’indemnisation pourraient devenir insoutenables. Le HCC appelle à une réforme du modèle assurantiel pour garantir une couverture efficace et durable.

Les oubliés du plan : les populations les plus vulnérables

Le changement climatique aggrave les inégalités. Les personnes âgées, précaires, ou vivant dans des zones à risque seront les plus touchées. Pourtant, le PNACC 3 ne prévoit pas de mesures spécifiques pour les protéger efficacement.

Le monde du travail est également en première ligne. Aucune réglementation claire n’existe encore en France sur les températures limites au travail, malgré les risques croissants liés aux vagues de chaleur.

Que faire maintenant ?

Face à ce retard, le HCC propose 24 recommandations chocs, dont :

Garantir des financements clairs et à la hauteur des enjeux climatiques.
Faire de l'adaptation une obligation légale, pour qu'elle s'applique à tous les secteurs.
Coordonner mieux les acteurs publics et privés, pour une action plus efficace.
Anticiper les limites de l'adaptation et penser des solutions de long terme.
Prendre en compte les réalités territoriales en différenciant les réponses entre l’Hexagone et les Outre-mer, où les risques sont encore plus marqués.

Le message du HCC est clair: ne pas agir coûtera bien plus cher que d’investir dès maintenant dans l’adaptation. Chaque retard se paiera en pertes économiques, sociales et humaines.