Les marais côtiers français sont-ils voués à disparaître près de la Méditerranée ?

Avec la montée du niveau de la mer Méditerranée liée au réchauffement climatique et la pression de l'urbanisation excessive mais aussi des reliefs, de nombreux marais côtiers risquent de disparaître d'ici l'horizon 2100.

Camargue
Selon une récente étude, une large partie de la Camargue, région si emblématique du Sud de la France, pourrait disparaître d'ici l'horizon 2100

Selon une étude récemment publiée dans la revue « Nature », les marais côtiers autour de la Méditerranée sont peu à peu grignotés dans la mer, mettant en danger ces écosystèmes pourtant si importants.

Un très net recul d'ici 2100

Une équipe de chercheurs internationaux comprenant français, anglais, allemands et espagnols ont étudié l'évolution future des marais côtiers entourant la Méditerranée en fonction des scénarios plus ou moins importants de réchauffement du climat d'ici l'horizon 2100.

Selon leurs résultats, de la Camargue au delta du Nil, le risque et aujourd'hui jugé comme critique pour les marais côtiers méditerranéens. En effet, la perte de ces écosystèmes est prévue généralisée d'ici l'horizon 2100, s'échelonnant de 8 à 92% en fonction des différents scénarios du changement climatique.

Par exemple, pour un scénario de réchauffement moyen de +2,5°C d'ici 2100, ni trop pessimiste, ni trop optimiste, soit la projection intermédiaire du GIEC, les marais côtiers méditerranéens reculeraient de 70% au moins d'ici la fin du siècle dans de nombreuses régions. Pour l’Égypte, la France et l'Algérie, la perte est prévue quasi totale à l'horizon 2100 avec les scénarios actuels de gestion côtière et d'apport de sédiments.

Des prévisions qui semblent très alarmantes mais qui sont pourtant logiques en prenant en compte la vulnérabilité des marais côtiers en Méditerranée et encore plus en France. En effet, ceux-ci sont victime de la « compression côtière », autrement dit ces marais se retrouvent coincés d'un côté par la mer, qui avance inexorablement et de l'autre, par l'impossibilité de s'étendre en raison du relief naturel mais aussi de l'urbanisation grandissante.

Pourquoi est-il important de les protéger ?

Les marais côtiers méditerranéens abritent une biodiversité particulièrement riche, notamment au niveau des espèces d'oiseaux qui viennent y nicher. Aussi, ces zones servent de véritables zones de tampon, permettant d'absorber le trop plein de précipitations lors des tempêtes mais également de limiter l'influence de la houle et du vent dans l'intérieur des terres.

Enfin, ces marais purifient l'eau en filtrant certaines pollutions comme les pesticides et métaux lourds mais ce sont également des puits de carbone, ceux-ci captant une partie du CO2 que nous rejetons dans l'atmosphère. Il est donc important de préserver ces zones marécageuses bordant une large partie du pourtour méditerranée, car leur disparition pourrait avoir d'importantes conséquences pour les milieux naturels mais aussi urbains.

Il serait donc nécessaire d'instaurer certaines mesures pour véritablement protéger ces zones si importantes pour nos littoraux. Par exemple, laisser simplement plus de place aux marais en désartificialisant les zones les bordant, autrement dit créer des zones de retrait pour permettre aux marais de se replier face à la montée du niveau des mers.

Rétablir le cours naturel des fleuves serait également une solution pour limiter leur recul car les barrages, comme ceux présents le long du Rhône, retiennent les sédiments qui n'arrivent pas assez jusqu'aux côtes, ce qui accentue l'érosion des zones humides.

Selon l'étude en question, les pertes pourraient être réduites de moitié si ce type de solutions était instauré à l'avenir. Dans tous les cas, une atténuation du réchauffement climatique ainsi qu'une adaptation locale sont nécessaires pour préserver ces espaces naturels, que ce soit dans le Sud-Est de la France mais également sur tout le pourtour méditerranéen.

Référence de l'article :

Large-scale loss of Mediterranean coastal marshes under rising sea levels by 2100, Nature (20 février 2025), Mark Schuerch, Joshua Kiesel, Olivier Boutron, Anis Gulemami et al.