Le virus de la dengue arrive en France : doit-on s'inquiéter ?

C'est inédit en France métropolitaine : 63 cas autochtones de dengue ont été enregistrés depuis juillet dernier. Une propagation qui inquiète, d'autant qu'elle est favorisée par la chaleur et l'humidité. Y a-t-il un risque d'épidémie ?

Moustique dengue
La hausse des températures et la multiplication des épisodes pluvieux intenses sont favorables au développement du moustique-tigre et du virus de la dengue.

Alors que le moustique-tigre est désormais présent dans 70 départements, 63 cas de dengue ont été recensés en France métropolitaine depuis juillet dernier. Une maladie transmise par cet insecte et en progression inédite, d'autant plus que les malades ont contracté la maladie sur le sol métropolitain (ce sont des cas autochtones).

Selon les virologues, la transmission serait facilitée par un climat favorable aux moustiques, l'été ayant été très chaud et parfois accompagné d'orages intenses. Alors que le réchauffement climatique s'accélère, doit-on pour autant s'inquiéter d'une potentielle épidémie ?

La dengue, ou "grippe tropicale"

La dengue, appelée aussi "grippe tropicale", est transmise par le moustique-tigre (vecteur aussi du virus zika et du chikungunya) et non par le moustique classique. La particularité du moustique-tigre est d'être silencieux et de piquer principalement la journée, notamment à l'aube et au coucher du soleil.

Les symptômes de la dengue classique sont une forte fièvre, des maux de têtes, des nausées, des douleurs musculaires et articulaires voire des éruptions cutanées se rapprochant de celles de la rougeole. Dans 1% des cas, la dengue peut devenir grave et s'accompagner d'hémorragies. Les signes cliniques surviennent brutalement après 2 à 7 jours d'incubation, avec parfois un répit temporaire 3 ou 4 jours après l'apparition des premiers symptômes.

Actuellement, les 63 cas de dengue en métropole sont situés en Occitanie et en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Les Alpes-Maritimes concentrent le plus grand nombre de cas, avec 31 infectés repérés dans trois communes éloignées de moins de 10 km de distance : Saint-Jeannet, Gattières et La Gaude.

Pourquoi cette hausse des cas ?

Les cas autochtones en France métropolitaine proviennent certainement de moustiques-tigres ayant piqué des personnes infectées revenant de zones où circule traditionnellement le virus. C'est ainsi que les moustiques transmettent ensuite le virus à des individus n'ayant pas voyagé à l'étranger.

Si la reprise du trafic aérien après la levée des restrictions liées au Covid-19 a pu jouer un rôle, ce sont surtout les conditions météo favorables de cet été 2022 qui sont responsables de cette hausse des cas de dengue. L'alternance de fortes chaleurs et d'épisodes orageux intenses a provoqué une augmentation du nombre de moustiques-tigres. Et plus ils sont nombreux, plus le risque de propagation de la dengue augmente.

Quelles solutions ?

Le changement climatique en cours, c'est-à-dire la hausse des températures accompagnée de précipitations de plus en plus intenses, va donc inévitablement provoquer une hausse du nombre de moustiques-tigres à long-terme, et donc accroître le risque de transmission de la dengue. Par ailleurs, la destruction des habitats naturels, à cause de l'activité humaine, rapproche les animaux et les insectes des habitations, ce qui facilite encore plus la transmission des maladies aux humains.

Selon les virologues, le risque d'une grande épidémie de dengue comme au Brésil est pour le moment écarté, même si les maladies tropicales vont certainement se développer de plus en plus chez nous. La mise en place de réseaux de surveillance semble donc être nécessaire pour faire face à toute éventualité.

Il existe des projets prometteurs de stérilisation des moustiques, mais cela n'est pas forcément écologiquement viable, les moustiques participant par exemple à la pollinisation. Quant à un éventuel traitement contre la dengue, rien n'existe pour le moment, d'autant que les symptômes disparaissent spontanément en quelques jours. Un vaccin existe, mais uniquement dans les zones endémiques, pour les personnes de 9 à 45 ans ayant déjà été infectées une fois.

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