La Grande barrière de corail, bientôt classée comme site "en péril" ?

L'Australie va devoir redoubler d'efforts : des experts estiment que la Grande barrière de corail, dont la dégradation se poursuit sous l'effet de la pollution et du réchauffement climatique, pourrait bientôt être classée parmi les sites "en péril" du patrimoine mondial de l'UNESCO. Une menace qui plane depuis longtemps déjà...

Australie Pacifique Grande barrière de corail blanchissement
Sous l'effet conjugué du réchauffement climatique et de la pollution liée à l'agriculture et à la pêche, le corail blanchit et est menacé de disparition.

Principale attraction touristique de l'Australie, qui génère 600.000 emplois et 3,9 milliards de revenus par an, la Grande barrière de corail, plus grande structure vivante de la planète, est en danger, alertent des experts de l'UNESCO et de l'IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature) dans un rapport publié le 28 novembre.

Si le gouvernement australien n'agit pas et n'intensifie pas ses efforts pour réduire les effets conjugués du réchauffement climatique et de la pollution (liée à l'agriculture et à la pêche) sur le corail, victime de blanchissement, alors la Grande barrière pourrait être bientôt classée comme site "en péril" du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Déjà des alertes en 2010, et pas d'objectifs "clairs"...

L'UNESCO avait déjà sonné l'alarme en 2010 sur la dégradation de l'état de la Grande barrière de corail. Ce n'est qu'en juillet 2021 qu'une première menace de classement "en péril" avait été agitée, mais les membres du Comité du patrimoine mondial, parmi lesquels la Chine, la Russie et l'Arabie saoudite, avaient estimé que l'Australie devait bénéficier de plus de temps avant de pouvoir faire le point sur ses efforts de conservation. Un report de la décision, après un lobbying intense du gouvernement australien sur les membres du Comité.

Toutefois, l'inquiétude de la communauté scientifique s'accroît, et selon eux, "la valeur universelle exceptionnelle du domaine est affectée significativement par les facteurs du changement climatique", malgré les efforts "sans précédent" consentis par l'Australie ces dernières années. Si le gouvernement australien a montré sa volonté de réduire significativement le ruissellement des nitrates et des phosphates, "il est nécessaire d'assurer une plus grande réduction de ces polluants dans les trois prochaines années" par rapport à ce qui a été réalisé depuis 2009, estime le rapport.

Les experts déplorent l'absence "d'objectifs clairs", "pas pleinement mis en œuvre" par le gouvernement australien pour empêcher la dégradation de la qualité de l'eau (responsable entre autres de la détérioration du corail). Ainsi, la capacité de la Grande barrière de corail à résister à ces impacts est "compromise de façon substantielle", et au vu de ces déclarations, le classement comme "site en péril" apparaît de plus en plus probable…

Un "chemin étroit" pour le gouvernement australien ?

Le gouvernement australien reconnaît que le récif corallien est menacé, mais sa ministre de l'Environnement, Tanya Plibersek, estime que "singulariser la Grande barrière de corail de cette manière" n'est "pas nécessaire". "Si ce site du patrimoine mondial est en péril, alors la plupart des sites du patrimoine mondial dans le monde sont en péril à cause du changement climatique", selon elle. L'UNESCO continue d'échanger avec le Premier ministre Anthony Albanese pour trouver une solution partagée.

L’inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril est en effet parfois perçue comme un déshonneur pour certains pays, alors qu'il s'agit simplement d'un système établi pour répondre efficacement à des besoins de conservation, grâce à des mesures correctives négociées entre le Comité et le pays en question. "Il y a un chemin étroit, mais qui existe, pour sauver la Grande barrière", selon une source proche du dossier. La prochaine réunion du Comité de l'UNESCO est prévue pour mi-2013, et les experts espèrent d'ici là des "mesures fortes et prises rapidement".

Merveille du patrimoine écologique mondial, la Grande barrière de corail concentre 600 îles tropicales, 300 bancs de corail parmi lesquels existent 3.000 systèmes différents de récifs. On y trouve 134 espèces de requins, des raies, des tortues de mer, des algues marines et une variété incroyable de plantes et d'animaux marins. Les vagues de chaleur marines sont le premier défi que devra affronter le récif corallien. En mai dernier, 91% des coraux du récif avaient été endommagés, selon des scientifiques australiens…

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