Grande Barrière de Corail "en danger" : ce que l'Australie n'admet pas

Motivé par les conséquences du changement climatique, le Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO a proposé de classer la Grande Barrière de Corail sur la liste des sites en danger. Mais le gouvernement australien s'oppose à cette rétrogradation.

Grande Barrière de Corail Australie
La Grande Barrière de Corail génère près de 65 000 emplois dans le secteur touristique et fait gagner près de 4,8 milliards de dollars américains à l'Australie.

Lundi dernier l'UNESCO a publié un rapport préliminaire dans lequel elle stipule, qu'en raison de la dégradation de la Grande Barrière de Corail, elle préconise de rétrograder son statut et de classer le site dans la liste des sites en danger. Une proposition que n'a pas appréciée le gouvernement d'Australie qui a d'ores et déjà prévu de la contester lors de 44ème réunion du comité prévue à Fuzhou en Chine en juillet prochain, réunion à laquelle la décision définitive doit être prise.

Les conséquences du réchauffement climatique :

Cet écosystème sous-marin subit les effets du changement climatique. Déjà en 2020 la communauté scientifique alarmait sur le fait que la moitié des coraux de la Grande Barrière avait péri ces 25 dernières années. Ce véritable refuge à poissons se meure à raison de la hausse de la température de l'eau qui provoque le blanchiment des coraux. En effet, les algues nourricières, qui donnent au corail sa couleur et ses nutriments, disparaissent à cause de la chaleur.

En cinq ans, la Grande Barrière a déjà connu trois épisodes de blanchissement. En plus d'être menacée par la hausse de la température de l'eau, elle subit la météo, elle a été touchée par plusieurs cyclones. Et elle doit faire face à l'acanthaster pourpre, une espèce d'étoile de mer dévoreuse de coraux. Au delà de la météo et du réchauffement climatique, le récif est aussi menacé par les activités humaines notamment les ruissellements agricoles.

L'Australie refuse d'admettre la réalité :

La recommandation de l'UNESCO de classer la Barrière en tant que site en danger a visiblement vexé le gouvernement d'Australie qui justifie son refus en raison de la protection de l'emploi et du respect du travail de sauvegarde et de protection qui a coûté près de 2 milliards d'euros au pays. Il est vrai que le récif australien est l'attraction touristique. Il génère près de 65 000 emplois et représente près de 4,8 milliards de dollars américain de revenu rien que pour le secteur touristique.

Susan Ley, ministre de l'Environnement en Australie, explique les raisons de leur opposition : "Je conviens que le changement climatique mondial constitue la plus grande menace pour les récifs coralliens mais il est erroné, à notre avis, de désigner le récif le mieux géré au monde pour une liste 'en danger'." Le gouvernement australien prend cette rétrogradation de l'UNESCO comme une punition alors qu'il s'agit en fait de mettre le doigt sur une réalité afin de trouver des solutions.

Personne ne conteste l'investissement financier du pays pour protéger sa Grande Barrière mais selon Lesley Hughes, biologiste et membre de l’organisation de défense de l’environnement Climate Council : "Dire qu'elle n'est pas en danger, c'est ignorer les faits". Et pour trouver une solution à un problème, il faut déjà accepter qu'il y ait un problème...

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