La 5G risque-t-elle de perturber les prévisions météo ?

Le déploiement du réseau mobile 5G pourrait constituer une menace pour la fiabilité des prévisions météorologiques, en émettant des interférences sur les fréquences utilisées par les modèles météo.

antenne 5G
Les fréquences du réseau 5G, et celles utilisées par les satellites météo, risquent de se superposer.

C'est un sujet qui est relancé par l'activation cette semaine à Nice, du premier réseau mobile 5G en France. Les fréquences émises par la 5G inquiètent les météorologues qui redoutent une perte de fiabilité des modèles numériques de prévisions. En cause, les interférences émises par le réseau 5G, qui se confondent avec celles utilisées par les satellites.

Ces inquiétudes sont-elles justifiées ? Quelle perte réelle de fiabilité des prévisions météo est attendue ? Des actions correctrices ont-elles ou vont-elles être mises en place ? Éléments de réponse.

Des fréquences un peu trop voisines

Une partie des nombreux satellites qui entourent la Terre ont pour mission d'étudier l'état de l'atmosphère, afin de pouvoir modéliser dans les heures et les jours à venir, le temps qu'il fera à tout point de la planète. Ces satellites météo détectent notamment la présence de vapeur d'eau, c'est à dire tout phénomène chimique composé d'eau : simple brouillard, pluie, ou grêle. Cette détection de vapeur d'eau se fait entre les bandes de fréquences 23,6 GHz et 24 GHz.

Le réseau mobile 5G monopolise lui les bandes de fréquences comprises entre 24,25 GHz et 27 GHz. La 5G n'empiète donc pas directement sur les bandes de fréquences utilisées par les satellites mais s'en rapproche très fortement. Cette frontière très fine est appelée "phénomène de bord", les ondes émises dans des fréquences proches peuvent créer des interférences. Ce sont ces interférences qui inquiètent les météorologues.

Concrètement, les satellites pourraient interpréter des ondes 5G comme des traces de vapeur d'eau, faussant les observations de l'état de l'atmosphère, et faussant par la suite les projections calculées par les modèles de prévisions météo. L'institut météo américain estime à 30% la perte possible de fiabilité des prévisions.

Les autorités et les opérateurs se veulent rassurants

Une perte de 30% de la fiabilité des prévisions météo correspondrait à un retour dans les années 1980 en termes d'anticipation des phénomènes climatiques. Une régression qui serait très grave pour la prévision des phénomènes tels que les tempêtes, les ouragans ou les épisodes méditerranéens, où la sécurité des populations est directement menacée.

En France, les autorités régulatrices ont annoncé que la bande de fréquence entre 24 et 25 GHz ne serait pas accessible aux opérateurs de télécommunication. L'Union Européenne compte également mettre en place une réglementation renforcée mais l'enjeu est international pour limiter un maximum les interférences qui ne connaissent pas de frontières.

Les opérateurs de télécommunication avancent des solutions comme des techniques d'atténuation des interférences. Le tout sera de savoir si ces dernières suffisent, car au-delà de la simple prévision météo, le suivi des données relatives au changement climatique est également en jeu.

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