Épisode méditerranéen : fallait-il vraiment reporter la rentrée scolaire dans le Var et les Bouches-du-Rhône ?

Les préfectures des Bouches-du-Rhône et du Var ont pris dimanche une décision radicale et inédite face à la vigilance météo aux fortes pluies et aux orages : reporter la rentrée scolaire d'une journée. Mais était-ce justifié ?

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La décision de reporter la rentrée scolaire d'une journée dans les Bouches-du-Rhône et le Var en raison de la vigilance météo a surpris parents et enfants, en bousculant leur organisation.

La décision était inédite, et a surpris tout le monde : les préfectures des départements des Bouches-du-Rhône et du Var ont annoncé dimanche après-midi reporter la rentrée scolaire d'une journée, en raison de l'épisode méditerranéen prévu dans le nuit de dimanche à lundi et dans la journée de lundi. Cette décision était-elle météorologiquement justifiée ?

Les craintes de revivre 1992

La raison de cette décision radicale, c'est la vigilance orange de Météo-France, déclenchée dans ces deux départements (entre autres), pour des orages violents, de fortes pluies et un risque d'inondations. Un épisode méditerranéen classique pour la saison, entre la fin de l'été et le début de l'automne, que connaît régulièrement le Sud-Est avec les dégâts probables que l'on sait.

Cette fois, les prévisions ont évolué d'heure en heure, les cumuls de pluie les plus intenses étant décalés un peu plus à l'Est au fil de la journée de dimanche : c'est pourquoi le préfet du Var a attendu un peu plus pour fermer les écoles que son confrère des Bouches-du-Rhône, département initialement un peu plus visé.

En termes de cumuls de précipitations, Météo-France les a revus à la hausse au fil de ses prévisions : 100 à 150mm localement pour tout l'épisode, avec jusqu'à 60mm en moins d'une heure par endroits. Ces valeurs ont été réajustées dimanche en fin de journée, avec localement plus de 200mm redoutés en cas d'orages stationnaires, notamment dans le Var et les Bouches-du-Rhône.

Or, la situation météo ressemblait un peu à celle du 22 septembre 1992, qui avait provoqué la terrible catastrophe de Vaison-la-Romaine, dans le Vaucluse. Les mêmes cumuls de pluie étaient prévus, mais un orage stationnaire s'était bloqué sur les versants du mont Ventoux et des Baronnies et la crue de l'Ouvèze avait alors atteint 17 mètres. 37 personnes étaient décédées dans le village.

123 écoles touchées par les intempéries !

Il s'agissait évidemment, dans le contexte très particulier de la rentrée scolaire des enfants, d'éviter que des personnes se retrouvent bloquées sur les routes au petit matin sous un orage stationnaire, avec le danger associé et le risque d'être emporté par les flots, dans une région qui compte énormément de petits cours d'eau très réactifs.

Certes, la dépression en approche de la France était moins chargée en eau précipitable qu'en 1992, et elle était surtout sur les îles britanniques, alors qu'elle s'était centrée sur la France il y a 33 ans. Néanmoins, le risque que la situation dégénère existait : Météo-France évoquait même un risque de phénomènes tourbillonnaires et n'excluait pas si besoin un passage en vigilance rouge.

24h après l'événement, il nous apparaît que cette décision était bien justifiée au regard de la situation, et du contexte particulier de la rentrée des écoliers, qui entraîne beaucoup de déplacements sur les routes. Certes, les orages violents ont surtout concerné le Gard et le Vaucluse dans la nuit de dimanche à lundi (161 mm de pluie à Uzès, rafales de vent à 134 km/h à Orange).

Mais le Var et les Bouches-du-Rhône ne sont pas en reste, avec des chutes d'arbre et de toitures, voire des inondations, entre Marseille, Vitrolles et Martigues. 700 foyers ont été privés d'électricité. Les cumuls de pluie dans ces deux départements ont parfois dépassé les 100 mm sur l'épisode.

123 écoles ont été touchées par les intempéries, dont la moitié a nécessité des interventions. Que n'aurait-on pas entendu si un enfant avait été blessé par la chute d'un arbre ou emporté par les eaux ? Certes, les cumuls de pluie ont été moins importants que prévu, mais la prévention a fonctionné, même si un mort est à recenser dans le Var à cause d'un accident sur chaussée glissante.