Éboulements en montagne : vont-ils vraiment devenir plus fréquents à cause du réchauffement climatique ?

Après le drame de Haute-Savoie et la mort de 2 personnes percutées sur la route par un rocher le 20 août, une question se pose : les éboulements en montagne vont-ils devenir plus fréquents à cause du réchauffement climatique ?

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Entre étés plus chauds et plus secs, et hivers avec des pluies plus intenses, les éboulements en montagne devraient devenir plus fréquents, s'accordent les experts.

En haute montagne, le lien entre augmentation des chutes de pierre et hausse des températures est avéré, via la fonte du permafrost. Mais un peu plus bas, comme entre Chamonix et Passy, en Haute-Savoie, où l'éboulement d'une roche a tué deux personnes sur une route nationale, ce lien est plus difficile à établir. Faut-il s'attendre à des éboulements plus fréquents, même à basse altitude ?

Fatigue de la roche et pression de l'eau

En France, 10 millions de personnes vivent en montagne, sur environ 30% du territoire. Or, les régions d'altitude se réchauffent deux fois plus vite que les autres, selon les données de Météo-France : +2°C en moyenne dans les Alpes et les Pyrénées au cours du 20e siècle, contre +1,4°C dans le reste du pays.

Le changement climatique, avec ses phénomènes extrêmes qui se multiplient, fragilise les roches et rend la montagne plus imprévisible. Mais de tout temps, en automne, l'eau pénètre dans les failles des roches, et en hiver, lorsqu'elle gèle, son volume augmente de 9%, ce qui créé des pressions dans les fissures et déstabilise la roche quand la glace fond.

Typique en hiver et notamment à basse altitude, il s'agit d'un phénomène de gel-dégel : lorsque les roches se brisent à cause de ce phénomène, on parle de cryoclastie. Fatigue de la roche et pression de l'eau sont donc des phénomènes classiques de l'érosion, qui conduisent à des éboulements, sans forcément de lien direct avec le réchauffement climatique.

Pas de lien direct, mais une fréquence sans doute en hausse à cause du réchauffement climatique, c'est là tout le paradoxe, qui s'explique notamment par les étés de plus en plus chauds et secs, et par les pluies plus intenses en hiver. Le contraste des événements extrêmes pourrait ainsi aggraver les éboulements.

Des éboulements plus volumineux en haute montagne

La sécheresse limite la présence de végétation sur les pentes des montagnes, alors qu'habituellement celle-ci retient les roches. Quant au manque d'eau, à cause de l'absence de pluie et en cas de forte chaleur, il dessèche les fissures dans les roches, remplies de sable et de terre : on parle de "dessiccation".

Lors de pluies intenses, l'eau ruisselle sur les sols secs, érode le terrain et emporte avec elle des cailloux, voire de la boue. Par ailleurs, elle s'infiltre dans les fissures sèches et augmente la pression hydraulique, ce qui facilite les détachements de blocs de roches de la montagne, fragilisée.

La conclusion des experts scientifiques qui travaillent sur ces sujets est que le dérèglement climatique accélère les phénomènes de glissements de terrain, sans être responsable à 100% de leur survenue. Le lien de cause à effet est plus clair au-dessus de 2500 mètres, en haute montagne : là-haut, les roches sont fragilisées et leurs chutes plus fréquentes et bien plus volumineuses.

La fonte du permafrost, liée directement à la hausse globale des températures au-delà de 2300 à 3000 mètres, en est la principale cause. Sol perpétuellement gelé qui agit comme une colle entre les roches, sa disparition provoque davantage d'éboulements, notamment dans le massif du mont Blanc. Les chutes de pierre y ont été multipliées par 10 depuis les années 1970.

Référence de l'article :

BFMTV. Chaleur, sécheresse, pluies intenses… Les éboulements vont-ils devenir plus fréquents avec le changement climatique ?