Climat : qu'est-ce que le doomisme et pourquoi faut-il le combattre ?

C'est un tout nouveau terme qui est récemment apparu sur les réseaux sociaux, et ils sont nombreux à revendiquer être des "doomers" climatiques. Mais que signifie ce terme ? Et en quoi représente-t-il un danger pour la planète ?

Doomisme climatique
Le doomisme climatique est une forme d'inaction face au réchauffement climatique.

Charles McBryde a 27 ans. Il vit en Californie et est suivi par 150 000 abonnés sur TikTok. Dans une de ses vidéos enregistrée en octobre 2021, il a avoué : "Je suis un doomer climatique. Depuis environ 2019, je pense que nous ne pouvons rien faire pour inverser le changement climatique à l'échelle mondiale."

Le "doomisme" climatique est le fait de penser qu'il est trop tard pour sauver la planète et pour lutter contre le réchauffement climatique. Certains "doomers" pensent que l'humanité va disparaître et d'autres, qu'elle devrait commencer à s'adapter aux conséquences du changement climatique.

Sentiment d'être dépassé, anxiété voire dépression face au dérèglement du climat, c'est ce que ressent Charles quand il voit l'étendu des dégâts sur la planète. Or, les scientifiques s'accordent pour dire qu'il n'est pas trop tard pour lutter contre le changement climatique.

D'où vient le doomisme et en quoi est-ce dangereux ?

Alaina Wood, scientifique en développement durable basée dans le Tennessee, a souhaité répondre à Charles après avoir vu sa vidéo : "Les gens abandonnent l'activisme parce qu'ils se disent : 'Je n'en peux plus... c'est trop...' et 'Si c'est vraiment trop tard, pourquoi est-ce que j'essaie ?". Le doomisme est une forme d'inaction climatique.

Parfois assumé : "Ça ne sert plus à rien, il est déjà trop tard pour la planète. Mieux vaut s'adapter." Et parfois, il se présente sous forme d'anxiété comme pour Charles. "Le doomisme conduit finalement à l'inaction climatique, ce qui est le contraire de ce que nous voulons", explique Alaina Wood, habituée à défier les doomers.

Difficile de mesurer le doomisme avec précision, mais selon la scientifique, ce phénomène est très populaire chez les jeunes. D'après elle, de nombreux militants climatiques souhaitent faire prendre conscience des effets graves du réchauffement en propageant du contenu basé sur la peur. Cette approche conduit au doomisme et donc à l'inaction climatique, dangereuse pour la planète.

En 2021, le Pew Research Center, aux États-Unis, a mené un sondage dans 17 pays, au sujet des attitudes à l'égard du changement climatique. Une écrasante majorité des sondés s'est déclarée prête à changer de mode de vie pour la planète. Mais lorsqu'on leur a demandé dans quelle mesure ils étaient convaincus que l'action climatique réduirait considérablement les effets du réchauffement climatique, plus de la moitié ont répondu qu'ils avaient peu ou pas confiance...

Il n'est pas trop tard pour sauver le monde !

Dans un premier lieu, les arguments des doomers sont faux car basés sur de fausses informations. L'humanité ne va pas mourir à cause du climat comme le rappelle le climatologue, qui a travaillé avec le Groupe d'experts sur l'évolution du climat de l'ONU, Friederike Otto : "Je ne pense pas qu'il soit utile de prétendre que le changement climatique conduira à l'extinction de l'humanité."

Dans son dernier rapport, le GIEC présente un plan détaillé pour aider la planète à éviter les pires conséquences face à la hausse mondiale des températures. Les solutions impliquent des réductions "rapides et immédiates" des émissions de gaz à effet de serre.

Certes, il y a des conséquences irréversibles dues au dérèglement climatique. "Il est indéniable qu'il y a de grands changements à travers le monde, et que certains d'entre eux sont irréversibles", déclare le Dr Otto.

Mais "cela ne signifie pas que le monde va finir - mais nous devons nous adapter et nous devons arrêter d'émettre", poursuit-il. Arrêter d'émettre des émissions de gaz à effet de serre mais aussi arrêter d'émettre de fausses informations ! Le réseau social TikTok affirme qu'il travaille avec des vérificateurs de faits accrédités pour "limiter la propagation d'informations climatiques fausses ou trompeuses".

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