Vous aussi, vous vous isolez quand vous tombez malade ? Rien de plus normal, selon cette étude
Nous avons tendance à nous isoler socialement et physiquement lorsque nous tombons malades. Est-ce uniquement pour éviter aux autres d’attraper nos microbes ? Des scientifiques se sont intéressés à la question.

“Reste au lit”. C’est souvent le premier conseil que l’on entend lorsque nous sommes malades. Qu’il s’agisse d’un parent, d’un ami ou d’un médecin, la grande majorité des gens va directement proposer cette solution, dans l’objectif de nous voir vite sur pied. Et souvent, c’est bien notre premier réflexe : on reste à la maison, loin des autres, afin de ne contaminer personne et ce, en attendant d’aller mieux. Mais que se passe-t-il dans notre cerveau lorsque l’on s’isole de cette manière, et volontairement ?
Une réponse présente chez les animaux également
Une équipe de scientifiques s’est penchée sur la question et a publié ses travaux dans la revue américaine Cell. Gloria Choi, neuroscientifique au Massachusetts Institute of Technology (MIT), a participé et signé ces recherches. Elle explique les résultats grâce à l’intervention de l’interleukine 1 bêta. "Elle est l’un des premiers intervenants du système immunitaire lors d’une infection. Bien qu’elle aide à coordonner la défense de l’organisme contre les agents pathogènes, notre étude a montré qu’elle sert également de signal pour le cerveau, l’informant que le corps est malade et déclenchant des changements comportementaux adaptés".
Un comportement issu de l’évolution, dans le but de protéger l’espèce ?
C’est le système immunitaire qui fabrique ces molécules que sont les interleukines, sécrétées dès lors que l’agent pathogène est là et que, donc, nous tombons malades. En somme, c’est un processus biologique, naturel, ordonné par notre système immunitaire. Pas de panique donc, l’homme est un animal comme les autres. En effet, les recherches montrent que l’interleukine se connecte à des récepteurs présents dans la zone du cerveau responsable de l’humeur et la sociabilité.
Et surprise : les animaux présentent les mêmes réflexes. "Lorsque ces neurones sont activés, les animaux se retirent des interactions sociales [...] L’interleukine 1 bêta semble reprogrammer l’état motivationnel social du cerveau, réduisant l’envie d’interagir socialement tout en favorisant le repos et la récupération", explique la professeure Gloria Choi. Même son de cloche pour l’être humain. Mais ce n’est pas tout ! La chercheuse met aussi en avant le fait que ce comportement pourrait être ancré, dans un but de protection de l’espèce.

"D’un point de vue évolutif, ce comportement a probablement émergé parce qu’il offre un avantage évident : réduire le risque de transmettre des agents pathogènes aux autres. Ce que nous montrons, c’est qu’il ne s’agit pas simplement de "se sentir malade ou asocial", mais d’un programme biologique profondément conservé, inscrit dans les circuits du cerveau". Enfin, ne pas socialiser pendant qu’on est malade, c’est aussi une façon de garder son énergie pour combattre les agents pathogènes. Même si cette idée reste contestée, même au sein de l’équipe de chercheurs.
Une réponse qui reste la même, quelle que soit la gravité de la maladie : de la simple grippe à la pathologie plus grave, l’être humain tend à se “préserver”. Et, de la même façon, dès lors que l’agent pathogène est terrassé et que l’on se sent mieux, on retrouve l'énergie suffisante pour sortir et sociabiliser de nouveau.