Agressions, menaces, violences organisées … la France est-elle un pays anti-écolo ?
Les violences contre les défenseurs de l'environnement explosent en France et restent pour beaucoup impunies. C'est ce que révèle une large enquête du média Bon Pote. Militants blessés, locaux détruits, menaces de mort, de nombreuses associations témoignent pour mettre en lumière un constat alarmant.

Chacun se souvient des récentes images, publiées par Médiapart et Libération, de la répression policière contre les militants qui protestaient contre les méga-bassines de Sainte-Soline. Les violences contre les activistes écologistes se multiplient, parfois avec de graves conséquences, dans l'indifférence quasi-totale des autorités.
C'est ce que dénonce Bon Pote dans son enquête largement documentée. Après avoir interviewé plusieurs dizaines d’associations et défenseurs de l’environnement, le média fait un constat glaçant : « notre enquête a identifié 200 agressions et violences graves au cours de la dernière décennie et seules 5% ont abouti à des condamnations, le plus souvent minimes et avec sursis. »
95% des agressions restent impunies
Le nombre et la gravité des violences augmentent et s'accélère d'après les résultat de l'enquête. Le conflit autour du tracé de l'autoroute A69 en est l'exemple même. Des militants racontent avoir été victimes d'une « tentative de meurtre », par trois hommes qui ont brûlé leur tente et leur voiture et les ont aspergés d’essence, le couteau sous la gorge.
Les auteurs de ces actes ont fait l'objet d'arrestations. Parmi eux, un directeur de travaux du chantier de l’A69, un ancien gendarme ou encore des mercenaires qui « disent avoir été rémunérés. » Bon Pote parle d'une « mafia anti-écologie, en France. »
L'impunité en chiffres
Bon Pote nous explique que la fédération France nature environnement (FNE), qui regroupe plus de 6000 associations de protection de la nature dans le pays, a réalisé pour le média indépendant, un inventaire précis et anonymisé des violences subies par ses membres depuis 2015. Bilan : 61 agressions violentes, dont 26 ces trois dernières années.
À partir de 2020, il devient quasiment impossible d'énumérer les agressions et les violences tant elles se multiplient : incendies criminels de véhicules, locaux vandalisés, jardins de militants saccagés… Dans toute cette liste, la FNE n’a recensé qu’une condamnation.
Des condamnations deux poids, deux mesures
En Haute-Savoie, un agriculteur qui avait aspergé les locaux de l’association FNE a écopé de 10 000 euros avec sursis. Côté défenseurs de l'environnement, les militants de Dernière Rénovation, qui avait jeté de la peinture à l’eau lavable contre des bâtiments publics, ont été condamnés à des dizaines de milliers d’euros de dommages et intérêts et à de la prison ferme.
Bon Pote a fait part des résultats de son enquête au rapporteur spécial de l’ONU sur les défenseurs de l’environnement, Michel Forst. Ce dernier juge la situation « très alarmante » et estime que « les autorités publiques devraient se saisir » du travail de documentation des violences contre l’écologie.