Vous aussi, vous marchez lorsque vous êtes au téléphone ? Rien de plus normal, selon la science

Comment le corps perçoit-il les bruits extérieurs ? Est-ce plus simple d’entendre quand nous marchons ou lorsque nous restons statiques ? Un récent article semble faire la lumière sur notre perception des sons.

Au téléphone, beaucoup préfèrent marcher plutôt que de rester statique
Au téléphone, beaucoup préfèrent marcher plutôt que de rester statique

A l’écoute. Dans quelles situations prêtons-nous plus attention aux petits (ou grands) bruits du quotidien ? Une conversation téléphonique dans les rues de New York. Une voiture en plein virage. Une musique provenant d’un bar irlandais. Notre oreille est irrémédiablement attirée par les sons. Mais des sons spécifiques, dans des situations spécifiques. Dans un article récemment paru dans la revue américaine Journal of Neuroscience, Liyu Cao, neuroscientifique et co-auteur de l’article explique les résultats obtenus.

En premier lieu, il déplore le manque de moyens technologiques

Cela contraint les scientifiques à mener leurs travaux dans des conditions plutôt statiques, et pas forcément en mouvement. Or, le mouvement est un facteur important à prendre en compte dans ces recherches. "Le mouvement peut être un facteur perturbateur pour la perception auditive, par exemple nous nous arrêtons souvent pour écouter attentivement lorsque nous sommes sur le point de détecter des sons faibles".

Pour son étude, Liyu Cao veut justement comprendre l’influence de la marche vis-à-vis de notre perception des bruits

Pour cela, il demande à des volontaires de marcher le long d’un parcours tracé en 8. Les participants sont munis d’un casque d'électroencéphalographie (EEG) mobile. Des sons sont diffusés en continu, mais petit détail : chaque oreille perçoit la diffusion d’une fréquence distincte. "Un son modulé d'une amplitude de 39 hertz provoquerait une réponse cérébrale de 39 hertz. Cette méthode de test nous permet de lire la réponse cérébrale instantanée à l'environnement".

Les résultats semblent confirmer l’importance du mouvement. "Nos résultats semblent montrer que nous accordons plus d'attention au côté du virage que nous prenons pendant la marche". Grâce à ce test, le scientifique peut affirmer que, lorsque nous marchons, l’activation cérébrale est plus intense, comparé au fait d’être statique. Cela va même plus loin. La direction que nous prenons lorsque nous marchons aurait également une incidence sur la perception des sons extérieurs. Nous serions plus réceptifs aux sons provenant de la direction que nous prenons.

"Par exemple, lors d'un virage à droite, l'entraînement auditif à l'entrée auditive provenant de la droite avait une amplitude de réponse accrue. Nous savons déjà, grâce à notre expérience quotidienne, qu'il doit y avoir un changement dans la répartition de l'attention visuelle spatiale pendant les virages. Lorsque nous tournons à droite, nous regardons vers la droite. Mais on ne savait pas auparavant si ce changement d'attention était spécifique au domaine visuel."

Enfin, une donnée semble aller à contre-courant de l’ensemble de l’étude. Si les sons en continu sont mieux perçus lorsque notre corps est actif, un bruit soudain sera perçu avec plus d’intensité si nous restons en position statique. Si le casque diffusait ce bruit dans les deux écouteurs, l'intensité de l’activité cérébrale ne changeait pas. En revanche, si une seule oreille percevait ce bruit, alors cette intensité diminuait si les participants continuaient de marcher. "Notre interprétation est que pendant la marche, les gens sont plus sensibles aux stimuli auditifs soudains provenant de la périphérie", affirme l'expert.

Référence de l’article :

Nous n'écoutons pas aussi bien immobiles, en marche ou dans un virage