Danger santé : boire de l’eau en bouteille expose à bien plus de microplastiques que l’eau du robinet, selon une étude

Une étude désigne l’eau en bouteille comme la principale source de microplastiques qui s’accumulent dans l’organisme.

Dans une nouvelle étude, les chercheurs estiment que les consommateurs d’eau en bouteille ingèrent chaque année des dizaines de milliers de microplastiques de plus que les utilisateurs d’eau du robinet.
Dans une nouvelle étude, les chercheurs estiment que les consommateurs d’eau en bouteille ingèrent chaque année des dizaines de milliers de microplastiques de plus que les utilisateurs d’eau du robinet.
Lee Bell
Lee Bell Meteored Royaume-Uni 6 min

Ce n’est que ces dernières années que les scientifiques ont documenté la gravité de la situation liée aux microplastiques.

Pendant des années, ces minuscules particules de plastique se sont infiltrées depuis l’environnement jusque dans notre quotidien et se trouvent désormais presque partout, des océans aux sols, jusque dans les aliments que nous mangeons et l’air que nous respirons.

Si le danger ne réside pas dans une intoxication unique, le véritable problème vient d’une exposition constante et prolongée à ces substances. De plus, la plupart d’entre nous partons du principe que les boissons que nous consommons, même celles étiquetées comme « pures », sont sûres. Pourtant, une nouvelle étude suggère que nous devrions aussi nous méfier de ces affirmations.

L’eau en bouteille, pire que celle du robinet ?

En compilant plus de 140 études, des chercheurs de l’Université Concordia ont réalisé une analyse qui chiffre l’ampleur du problème des microplastiques et montre qu’en moyenne, une personne ingère entre 39 000 et 52 000 particules de microplastique par an.

La plus grande surprise, toutefois, est la découverte que les personnes qui boivent de l’eau en bouteille pourraient en consommer environ 90 000 particules de plus que celles qui choisissent l’eau du robinet.

L’étude souligne que ces particules peuvent se détacher des bouteilles lors de leur fabrication, de leur stockage, de leur transport ou lorsqu’elles sont exposées à la chaleur. Selon la recherche, les plastiques de moindre qualité sont particulièrement susceptibles de se fragmenter en petites particules à chaque pression, secousse ou exposition au soleil.

L’étude met en lumière les risques chroniques posés par les nanoplastiques et les microplastiques, et appelle à améliorer les tests, les normes et les politiques.
L’étude met en lumière les risques chroniques posés par les nanoplastiques et les microplastiques, et appelle à améliorer les tests, les normes et les politiques.

Pour l’auteure principale, Sarah Sajedi, la prise de conscience a commencé sur une plage thaïlandaise : « J’étais là, contemplant la magnifique vue sur la mer d’Andaman, puis j’ai baissé les yeux et, à mes pieds, il y avait une multitude de morceaux de plastique, dont la plupart étaient des bouteilles d’eau », raconte-t-elle. « J’ai toujours été passionnée par la réduction des déchets, mais j’ai compris qu’il s’agissait d’un problème de consommation. »

Une fois dans notre organisme, ces particules peuvent passer dans la circulation sanguine et atteindre des organes vitaux, ajoute-t-elle.

Son analyse relie la présence de ces particules dans le sang à des maladies telles que l’inflammation chronique, le stress oxydatif, les perturbations hormonales et de possibles effets neurologiques, en insistant sur les effets chroniques plutôt qu’aigus. Sajedi affirme que c’est l’exposition progressive qui s’accumule au fil du temps.

Compter l’incomptable

Mesurer ces fragments nocifs n’est pas une tâche aisée. Certains outils permettent de détecter les particules les plus infimes, mais sans pouvoir identifier le type de polymère, tandis que d’autres déterminent la composition chimique, mais passent à côté des plus petites particules. En outre, les instruments les plus performants sont coûteux, ce qui ralentit la mise en place de méthodes standard et complique la comparaison des résultats entre études — l’une des principales raisons pour lesquelles les effets sur la santé restent encore mal connus.

Alors, comment mener la bataille contre les microplastiques ? Bien que les politiques progressent, l’attention se porte malheureusement surtout sur les sacs, pailles et emballages, tandis que le problème des bouteilles à usage unique reste souvent ignoré.

Le conseil de Sajedi est que, lorsqu’il est possible de le faire en toute sécurité, il faut privilégier l’eau du robinet et les bouteilles réutilisables, tout en faisant pression pour que des normes encadrent la fabrication des bouteilles elles-mêmes.

« L’éducation est la mesure la plus importante que nous puissions prendre », affirme-t-elle. « Boire de l’eau en bouteille est acceptable en cas d’urgence, mais cela ne devrait pas devenir une habitude quotidienne. Les gens doivent comprendre que le problème ne vient pas d’une toxicité aiguë, mais d’une toxicité chronique. »

Référence de l'article :

Unveiling the hidden chronic health risks of nano- and microplastics in single-use plastic water bottles: A review, published in Journal of Hazardous Materials, October 2025.