Comment vivre sans sacrifier notre planète ? La science nous donne la réponse

Peut-on réellement continuer à vivre, à se nourrir, à grandir… sans détruire notre planète ? La réponse est OUI, d'après une étude menée par une équipe internationale de scientifiques ….mais pas sans transformations radicales. Cet article vous dit tout.

Six des neuf limites planétaires définies par la science ont déjà été franchies.
Six des neuf limites planétaires définies par la science ont déjà été franchies.

Aujourd’hui, 6 des 9 limites planétaires sont dépassées. Autrement dit, nous sortons dangereusement de la “zone de sécurité” dans laquelle l’humanité a pu prospérer depuis 11 700 ans, soit l’ère géologique de l’Holocène.

Ces limites concernent des processus essentiels au bon fonctionnement de la Terre : climat, biodiversité, cycles de l’azote et du phosphore, acidification des océans, usage de l’eau douce, et changement d’usage des sols.

La bonne nouvelle : une étude colossale, publiée dans Nature par Detlef van Vuuren et une équipe internationale de scientifiques, trace une feuille de route claire : un développement humain durable est encore possible, mais exigeant.

Faire comme si de rien n'était, c'est foncer droit dans le mur

Les chercheurs ont combiné deux outils puissants : les limites planétaires, ce cadre scientifique qui définit les seuils à ne pas dépasser pour maintenir la stabilité de la Terre, et des modèles climatiques intégrés.

Leur principal objectif consiste à créer une « boussole de navigation » pour les décideurs, capable d’évaluer l’impact global de différentes trajectoires politiques et sociales.

Le résultat révèle que sans changement profond de cap, la dégradation se poursuivra au moins jusqu’en 2050. En effet, le scénario « business-as-usual » (SSP2) que nous suivons actuellement, nous conduit à une aggravation généralisée de la situation.

Évolution des variables de contrôle des limites planétaires au fil du temps, de la période historique et en supposant un statu quo pour 2030 et 2050 (SSP2, BAU). a–d, Variables de contrôle des limites planétaires pour 1970 (a), 2015 (b), SSP2 2030 (c) et SSP2 2050 (d). La zone verte correspond à la zone de sécurité, l'orange pâle à la zone d'incertitude (risque croissant) et l'orange foncé à la zone à haut risque. La limite planétaire elle-même se situe à l'intersection des zones verte et orange pâle. @Detlef P. et al,
Évolution des variables de contrôle des limites planétaires au fil du temps, de la période historique et en supposant un statu quo pour 2030 et 2050 (SSP2, BAU). a–d, Variables de contrôle des limites planétaires pour 1970 (a), 2015 (b), SSP2 2030 (c) et SSP2 2050 (d). La zone verte correspond à la zone de sécurité, l'orange pâle à la zone d'incertitude (risque croissant) et l'orange foncé à la zone à haut risque. La limite planétaire elle-même se situe à l'intersection des zones verte et orange pâle. @Detlef P. et al,

Tous les voyants sont au rouge : la perturbation des cycles biogéochimiques (azote et phosphore), la déforestation, la perte de biodiversité, et bien sûr, les émissions de gaz à effet de serre (GES) qui continueront d’augmenter.

Ce que nous devons (et pouvons) faire

Ce qui est surprenant dans cette étude, c'est que les chercheurs sont arrivés à la conclusion qu'il existe bel et bien un chemin qui permettrait de poursuivre le développement humain sans compromettre les fondements de la vie sur Terre.

Ce chemin est balisé par des leviers précis, techniquement réalisables. Le scénario dit de « durabilité » combine plusieurs mesures complémentaires :

  • Une alimentation plus saine et durable, avec une large adoption du régime EAT–Lancet (moins de viande, plus de végétaux)
  • Une réduction de 50 % du gaspillage alimentaire d’ici 2050
  • Une efficacité accrue dans l’usage de l’eau et des nutriments agricoles
  • Un déploiement massif de politiques climatiques alignées sur l’objectif de 1,5 °C

En suivant scrupuleusement cette feuille de route, la pression environnementale pourrait revenir aux niveaux de 2015, voire s’améliorer pour certains indicateurs comme la pollution de l’air et l’usage des sols.

Toutefois, à cause de l’inertie des systèmes naturels, il faudra attendre 2100 pour entrevoir un retour net dans les limites sûres. En effet, le climat, l’acidification des océans, la biodiversité… sont soumis à ce qu’on appelle une inertie systémique.

Cela signifie que même si on arrête les dégâts aujourd’hui, les effets des décennies passées continueront à se faire sentir pendant longtemps.

C’est pourquoi l’étude insiste : plus on attend, plus ce sera difficile, voire impossible, de revenir en arrière.

Source de l'article

van Vuuren, D.P., Doelman, J.C., Schmidt Tagomori, I. et al. Exploring pathways for world development within planetary boundaries. Nature (2025). https://doi.org/10.1038/s41586-025-08928-w