Dans les Hauts-de-France, un déficit de pluie jamais vu depuis 1959 : faut-il craindre une sécheresse historique ?
Un air de printemps 1976, au moins au niveau des sols : la région Hauts-de-France a vécu son trimestre février-mars-avril le plus sec de l'Histoire ! Les agriculteurs s'inquiètent, alors que l'été approche. Faut-il vraiment s'alarmer ?

Depuis le début du mois de février 2025, nous vous en parlons régulièrement, la France est coupée en deux : les pluies sont excédentaires dans le Sud-Est du pays, alors que la moitié Nord connaît un déficit prolongé de pluviométrie, notamment les Hauts-de-France, qui viennent de vivre un trimestre historiquement sec. Faut-il pour autant s'inquiéter de l'été à venir ?
Du jamais vu depuis 66 ans !
Dans la région Hauts-de-France, les pluies sont déficitaires depuis le 1er février dernier, avec seulement 69mm tombés en moyenne, c'est à peine plus que ce qu'il tombe lors d'un mois de février normal. Il manque donc deux mois de pluie ! Ce trimestre février-mars-avril 2025 est le moins pluvieux enregistré dans cette région depuis 1959, et devant l'historiquement sec février-avril 2011.
Après un mois de mars particulièrement sec, les agriculteurs du Nord de la France sont inquiets. Entre le 1er mars et le 9 avril, il n'est tombé, en moyenne, qu'onze millimètres de pluie sur les Hauts-de-France#ApollineMatin pic.twitter.com/6gjUt6S9M6
— Apolline Matin (@ApollineMatin) April 15, 2025
Sur la station météo de Lille-Lesquin (Nord), plusieurs séquences de journées consécutives sans précipitations significatives (soit avec moins d'un millimètre de pluie) ont été enregistrées : 22 jours du 28 février au 21 mars, 20 jours du 23 mars au 11 avril. Plus inquiétant encore, une troisième série, débutée le 24 avril, est toujours en cours ce dimanche : c'est le 25e jour sans pluie significative.
Ce manque de pluie a évidemment des conséquences sur l'état des sols : ceux-ci, après être restés plus humides que la normale pendant l'hiver, ont subi un assèchement important dès le début du mois de mars. Début avril, ils atteignaient un état de sécheresse encore jamais observé sur les Hauts-de-France à cette époque de l'année, selon les données de Météo-France.
Mais la France n'est pas la seule concernée : avec la domination durable des hautes pressions sur le Nord de l'Europe, les comtés de Suffolk et de Norfolk en Angleterre ont vécu leur second mois de mars le plus sec jamais enregistré selon le Met Office (derrière mars 1929).
Des semaines à venir décisives
Ces séquences sans pluie, bien que remarquables, ne sont pas pour autant exceptionnelles. Par le passé, aucune précipitation significative n'a été enregistrée pendant 37 jours en 2007 (30 mars - 5 mai), 36 jours en 1953 (20 février - 27 mars) ou 32 jours en 1997 (24 mars - 24 avril). Le printemps correspond d'ailleurs à la saison la moins arrosée dans les Hauts-de-France.
En dehors de la sécheresse en surface qui touche l'extrême-nord de la France, les sols sont secs aussi sur une grande partie de l'Europe centrale et nordique pic.twitter.com/XuehRHyD3x
— Adri2 (@AdriNimbus) May 1, 2025
Alors pourquoi s'inquiéter ? D'abord parce qu'il s'agit bien d'une sécheresse agricole, autrement dit d'une sécheresse des sols en surface, et que les cultivateurs risquent donc des pertes énormes, certains étant dans l'impossibilité de planter en raison de la dureté de la terre. Le spectre de la sécheresse de 1976 hante encore tous les esprits.
Pourtant, la relative bonne nouvelle cette année, c'est que nous sortons d'un an et demi de pluies excédentaires : les nappes phréatiques étaient pour la plupart pleines, mais leurs niveaux commencent déjà à baisser sensiblement avec les prélèvements effectués par les végétaux en pleine croissance.
L'été à venir peut être considéré comme à risque : s'il ne pleut pas significativement avant fin juin, le niveau des nappes pourrait commencer à devenir problématique, surtout si une vague de chaleur s'en mêle. Quant à certains bassins (comme l'Yser), qui ne disposent pas de réserves souterraines, ils pourraient très bientôt être soumis à de premières restrictions d'eau.
Référence de l'article :
Météo-France. Le nord du pays en manque de pluie.