Séisme meurtrier et répliques en Afghanistan : comment expliquer un si lourd bilan ?

Le bilan s'est encore alourdi en Afghanistan (2200 morts), après le terrible séisme et les répliques ayant frappé depuis le 31 août les provinces de Kunar et de Nagarhar, près du Pakistan. Comment expliquer cette catastrophe ?

Séisme tremblement de terre
Le premier séisme, de magnitude 6 sur l'échelle ouverte de Richter, s'est produit dans la nuit du dimanche 31 août au lundi 1er septembre, au Sud de Jalalabad.

Le bilan humain s'alourdit de jour en jour après le séisme de magnitude 6 ayant frappé l'Afghanistan le 31 août dernier au Sud de Jalalabad : au moins 2200 morts désormais. Un séisme suivi de répliques, ce qui n'arrange pas la recherche des survivants. Comment expliquer une telle catastrophe naturelle ? Que nous apprend la géologie sur cette région frontalière du Pakistan ?

355 séismes de magnitude 5 ou plus depuis 1990

Deux séismes majeurs ont frappé l'Afghanistan ces derniers jours : le premier de magnitude 6 sur l'échelle ouverte de Richter, le dimanche 31 août à 21h17 heure de Paris, l'autre, une réplique du premier, d'une magnitude 5,4, le mardi 2 septembre à 14h29 heure de Paris. Ils se sont produits dans l'Est du Pays, au Sud de Jalalabad et à l'Est de Kaboul, près de la frontière avec le Pakistan.

Au Sud de la 5e plus grande ville du pays, ce sont les provinces de Kunar et de Nagarhar qui ont été particulièrement touchées. Alors que les répliques menacent encore, la recherche des dépouilles et des survivants se poursuit : les autorités recensent au moins 2200 morts, plus de 3600 blessés et 7000 maisons détruites par la catastrophe qui a frappé lorsque les habitants dormaient.

L'Afghanistan se situe près de la jonction entre plusieurs plaques tectoniques (comme la Birmanie, touchée par un séisme meurtrier le 28 mars dernier) : la plaque eurasienne et la plaque indienne. Le pays compte de ce fait plusieurs failles qui provoquent une forte instabilité géologique, comme le 7 octobre 2023 où un séisme d'une puissance comparable avait frappé l'Ouest du pays.

Depuis 1990, au moins 355 séismes de magnitude supérieure à 5 ont secoué l'Afghanistan, avec en moyenne 560 décès chaque année, et des dommages estimés par Al Jazeera à 69 millions d'euros annuels.

Les femmes davantage menacées

Comment expliquer un tel bilan et de si gros dégâts ? D'abord par la faible profondeur du foyer, c'est-à-dire le point souterrain d'origine du séisme, perpendiculaire à l'épicentre, situé lui à la surface : celle-ci était de seulement 8 km pour le premier séisme, et de 10 km pour sa plus grosse réplique mardi.

Un tremblement de terre aussi superficiel, fréquent en Afghanistan, est plus destructeur, car les ondes sismiques ont alors une distance plus courte à parcourir pour parvenir à la surface terrestre et conservent donc plus de puissance.

Les femmes sont bien plus vulnérables que les hommes après un tel séisme, compte tenu des limites imposées par les Talibans au niveau de l'accès aux services vitaux. Des femmes blessées pourraient même être soignées plus tard, notamment dans la province de Kunar, très conservatrice : selon la BBC, certaines ont dû attendre "le lever du jour" pour être emmenées à l'hôpital par leur famille…

En moyenne, selon la juriste en droit international Shérazade Zaiter, qui s'est confiée à nos confrères de GEO, "deux fois plus de femmes que d'hommes" sont victimes de catastrophes naturelles, notamment parce qu'elles restent souvent avec leurs enfants pour tenter de les sauver. En Afghanistan, elles se trouvent par ailleurs souvent en cuisine, ou en tout cas à l'intérieur des maisons.

Références de l'article :

GEO. En Afghanistan, deux séismes majeurs en moins de trois jours : le contexte géologique.

BBC. Afghanistan earthquake : What we know - and what we don't.