Sécheresse : les piscines privées sont-elles vouées à disparaître en France ?
Face aux sécheresses de plus en plus récurrentes, notamment durant la période estivale, certaines communes françaises ont pris des mesures pour limiter la taille des piscines, allant même jusqu'à interdire temporairement leur construction.

Pour faire face au manque d'eau de plus en plus récurrent pendant la saison estivale, certaines communes ont fait le choix de réglementer l'utilisation et la construction des piscines privées. Des mesures qui ne sont néanmoins pas au goût de tout le monde.
De plus en plus de piscines mais de moins en moins d'eau
Selon la Fédération des professionnels de la piscine et du spa (FPP), le nombre de piscines privées a quintuplé en France entre 1999 et 2024 pour atteindre 3,6 millions, concentrées essentiellement dans les régions du Sud de la France. À ce jour, la France possède même le plus grand parc de piscines enterrées d'Europe (1,73 millions) et le 3ème du monde, juste après les USA et le Brésil.
En effet, sous l'effet du changement climatique et sans changement radical de la gestion de l'eau en France, les sécheresses comme celle qu'a connu le pays entre 2022 et 2023 pourraient devenir la norme comme l'a prévenu récemment le Haut-Commissariat à la Stratégie et au Plan. En ce début d'été 2025, la situation devient d'ailleurs déjà préoccupante sur certaines régions.
Limpact de la sécheresse en France vu depuis lespace.
— Xplora (@XploraSpace) July 6, 2025
Deux images à un an dintervalle : lAquitaine passe du vert au brun sous leffet dune chaleur persistante.
Les données MODIS témoignent depuis lorbite dune sécheresse qui népargne ni les sols, ni la végétation. pic.twitter.com/v3wGhSnJIN
De ce fait, dans une dynamique de sobriété par rapport à la gestion de la ressource en eau et pour limiter les situations où l'eau pourrait venir à manquer en été, certaines communes françaises ont fait le choix de réglementer la construction et l'utilisation des piscines privées.
Par exemple, la communauté de communes du pays de Fayence dans le département du Var a pris une décision radicale dans la réglementation des piscines dès le mois de janvier 2023 avec le gel des permis de construire pendant cinq ans, piscines comprises. Cette mesure faisait néanmoins écho a une situation très tendue avec un risque de pénurie d'eau durant cette période, certaines communes ayant été privées d'eau potable durant plusieurs semaines entre 2022 et 2023.
Des mesures qui ne sont pas toujours comprises
Néanmoins, ces réglementations ne concernent pas seulement les régions les plus régulièrement soumises aux sécheresses comme c'est le cas dans le sud-est de la France. La communauté de communes de Rennes métropole a également pris le parti en juin dernier de limiter la taille des piscines à 25m3 (environ 3x6mètres), de rendre obligatoire un système de couverture afin de limiter l'évaporation. Également, les piscines devront être dotées d'un système de récupération d'eau de pluie avec filtration pour la remise à niveau en eau.
Selon la collectivité en question, ces mesures ont été prises pour « s'adapter à une réalité nouvelle » et s'inscrivent dans une approche bien plus globale de réduction des gaz à effet de serre et de préservation de la ressource naturelle en eau. En ce mois de juillet 2025, le département de l'Ille-et-Vilaine a d'ailleurs été placé en état d'alerte sécheresse et des restrictions d'eau sont déjà d'actualité.
#Bretagne #sécheresse
— Sébastien DECAUX (@SebDecaux) July 15, 2025
Sur une période de 4 mois et demi, le #déficit pluviométrique atteint 57% à #Rennes pic.twitter.com/AxWEyJhFBg
Pourtant, ces mesures prises par différentes communautés de communes et villes françaises ne sont pas toujours comprises et acceptées. Pour la FPP par exemple, la recherche d'économies d'eau ne justifie pas de s'en prendre aux piscines privées, dont la taille a déjà largement diminué ces dernières années.
En effet, selon la déléguée générale de la Fédération, une piscine va utiliser en moyenne 7m3 d'eau chaque année une fois qu'elle a été remplie, ce qui n'est pas le cas tous les ans pour les piscines enterrées, soit l'équivalent de 47 jours de consommation en eau potable d'un Français. Or, cette consommation peut être largement diminuée en installant une simple couverture de piscine, qui va limiter l'évaporation du bassin jusqu'à 95%.
De plus, aucune données chiffrée n'existe aujourd'hui sur la consommation d'eau des piscines privées françaises, excepté celles de la FPP et celles-ci ne justifient pas de telles mesures restrictives. Si le ministère justifie ces restrictions par une implication collective permettant de préserver les usages essentiels de l'eau (santé, Sécurité civile, approvisionnement en eau potable, etc,...), ne serait-il pas plus judicieux de réglementer certains secteurs industriels bien plus consommateurs d'eau ?
Référence de l'article :
Sécheresse : Vers la fin des piscines privées en France ?, 20minutes et AFP, 14/07/2025