Sargasses : grosse menace sur le tourisme cette année en Guadeloupe ?

La Guadeloupe s'attend à "une année noire" concernant les échouements de sargasses sur ses plages. Les quantités de cette algue toxique atteignent des niveaux records en ce début d'année dans l'océan Atlantique.

Les algues Sargasses Grand Macabou Martinique
Les échouements de sargasses sont un véritable fléau dans les Antilles.

"On s'attend à une année noire" résume Sylvie Gustave Dit Duflo, vice-présidente de la région Guadeloupe chargée de l'environnement. En effet, les dernières informations sur les quantités de sargasses présentes dans l'océan Atlantique laissent craindre une année 2023 marquée par de nombreux échouements sur les littoraux caribéens. Explications.

De quoi parle-t-on ?

Les sargasses sont des algues qui vivent en pleine mer et qui n'ont pas de racines. Autrement dit, elles circulent librement à la surface de l'océan et peuvent parcourir de grandes distances avant de venir s'échouer sur les littoraux. Ces algues ne représentent pas de danger particulier en mer, c'est leur décomposition sur les plages qui pose problème.

En effet, leur dégradation entraîne des émanations de gaz (de l'hydrogène sulfuré et de l'ammoniac) dont l'odeur est nauséabonde. À de fortes concentrations, ces gaz sont même toxiques pour l'homme et les écosystèmes.

Les études sur la santé humaine restent peu nombreuses mais des problèmes de céphalées, d'ordre digestifs ou cardiaques ont été recensés chez des habitants vivant à proximité des échouements. La biodiversité est également impactée, comme les poissons, les coraux ou les tortues. Ces dernières ne peuvent plus se rendre sur certaines plages pour enfouir leurs oeufs en saison de ponte.

Depuis 2011, les plages des Caraïbes (dont la Guadeloupe et la Martinique) sont régulièrement envahies de ces arrivages. Cette prolifération nouvelle serait due en partie au réchauffement des eaux et à la destruction de la mangrove d'Amérique latine, laquelle permettait de retenir une grande partie des nutriments provenant des fleuves du continent (et qui servent au développement des algues).

2023, une "année noire" ?

L'observatoire de l'Université de la Floride du Sud (USF), qui surveille régulièrement la quantité de sargasses dans l'océan Atlantique, a indiqué il y a quelques jours que la masse de sargasses avait atteint des niveaux records entre décembre et janvier.

Près de 8,7 millions de tonnes de sargasses se trouveraient dans l'océan, soit bien plus que le précédent record de 6,5 millions, datant de 2018. Cette année-là, des échouements massifs de sargasses avaient touché la Guadeloupe. D'où la crainte d'une année 2023 encore plus délicate.

Pour faire face à ce fléau, un "plan Sargasses" doté de financements a été lancé par les autorités. Mais l'intensification du phénomène ne permet souvent pas aux petites communes, qui sont responsables des échouements, de gérer efficacement le problème.

La question du stockage des sargasses pose également problème. Les terrains d'épandages sont saturés et des chercheurs ont avancé le risque d'une trop forte salinisation des eaux et des sols à proximité de ces lieux de stockage. Des équipements plus vertueux (et aussi plus chers) sont actuellement en cours de test, comme des barrages filtrants en mer permettant d'éviter les échouements.

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