Qu'est-ce que la "neige marine", un allié très utile contre le réchauffement climatique ?

La "neige marine" est-elle un allié sous-estimé pour lutter contre le réchauffement climatique ? En tout cas, son pouvoir de séquestration du dioxyde de carbone est plus important qu'on ne l'imaginait. Séquence explications.
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Quand ils meurent, les petits morceaux de plancton non consommés s'agrègent en petits flocons blancs puis coulent au fond des océans : le CO2 qu'ils ont absorbé y est alors séquestré.

En pleines négociations sur le texte final de la COP28, une équipe internationale de chercheurs a révélé dans la revue Nature le pouvoir quasiment magique et sous-estimé de la "neige marine", rapportent nos confrères du Parisien. Késako ? Et en quoi ce processus est-il intéressant dans la lutte contre le réchauffement climatique ?

Du carbone absorbé puis séquestré

La "neige marine" est un pouvoir de plus des océans, décidément essentiels à notre survie : en plus de nous procurer notre oxygène, ils sont aussi le lieu de captation et de séquestration du dioxyde de carbone responsable du réchauffement climatique, alors que les émissions de CO2 n'ont jamais été aussi élevées cette année.

Cette "neige marine" correspond en fait au zooplancton et au phytoplancton non consommé, qui meurt, s'agrège en petits flocons blancs (d'une taille de 100 microns à 2 mm, certains sont donc visibles à l'œil nu par les plongeurs) et descend au fond des océans, stockant alors dans les fonds marins le CO2 qu'il a absorbé. C'est le même principe que celui des arbres qui captent le CO2 pour leur photosynthèse : le plancton a besoin du dioxyde de carbone pour se développer.

Ce processus bien connu était pourtant sous-estimé : ces flocons de "neige marine" ont finalement un pouvoir de stockage du CO2 beaucoup plus important qu'initialement imaginé. Leur capacité de captage est de 15 gigatonnes par an, contre 11 gigatonnes pour la précédente estimation en 2021 dans le rapport du GIEC (+20%). Le tout pendant plusieurs dizaines de milliers d'années.

Cette nouvelle estimation a été rendue possible par la cartographie des flux de matière organique réalisée par ces chercheurs, dont l'un travaille au Laboratoire des sciences de l'environnement marin à Brest. Des chercheurs qui expliquent également que cette "neige marine" sert de nourriture, de nutriments, aux bactéries et aux poissons des grandes profondeurs.

Cultiver du plancton ? Une fausse bonne idée !

Toutefois, cette nouvelle estimation ne change malheureusement rien quant à l'avenir sombre qui attend notre planète en raison du réchauffement climatique. En effet, ce processus de stockage du CO2 s'effectue sur des dizaines de milliers d'années, il n'est donc "pas suffisant pour contrebalancer l'augmentation exponentielle des émissions de CO2" résultant des activités humaines depuis 1750.

Au contraire, considérons que le réchauffement actuel tient déjà compte de cet avantage, c'est dire où nous en sommes ! Certains imaginent alors déjà la possibilité de "cultiver" du plancton à grande échelle sur le plancher des océans. Cette "neige marine" cultivée aurait notamment le pouvoir de lutter contre les ravages de la surpêche et la pollution des eaux, en restaurant les écosystèmes détruits. Il faudrait alors créer une sorte d'aire marine protégée.

Toutefois, cultiver du plancton pour lutter contre le réchauffement climatique est une fausse bonne idée ! En effet, des expériences ont déjà été menées, sur le modèle de la fertilisation des champs : le phytoplancton créé "était davantage consommé mais il n'y en avait pas plus qui coulait en séquestrant du carbone". Un coup d'épée dans l'eau, donc, le projet a d'ailleurs été abandonné...

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