Pêche française : le bilan de l'empreinte carbone du secteur est-il pire qu'imaginé ? L'ONG Bloom fait le point.
Pour la première fois, une étude s'est penchée sur la contribution carbone des flottes de pêche française. C'est l'ONG Bloom, appuyée par le Shift Project comme partenaire technique, qui a analysé les émissions de gaz à effet de serre et dévoile un bilan accablant pour le chalutage de fond.

1,1 million de tonnes d'équivalent CO2 par an, c'est ce que rejetterait l'industrie de la pêche française selon le rapport publié ce lundi 17 novembre par l'ONG Bloom et The Shift Project. « C'est l’équivalent de la filière des poules pondeuses, et sept fois plus de gaz à effet de serre que la filière des légumes secs. C’est également un ordre de grandeur voisin des émissions du trafic aérien intérieur en France métropolitaine en 2023, estimées à 1,6 million de tonnes de CO₂. »
Un tout premier bilan carbone de la pêche française
La pêche tricolore regroupe des activités et des pratiques aussi nombreuses que différentes, ce qui n'a pas facilité la tâche des auteurs du rapport. Ces derniers se sont appuyés sur plusieurs critères : la consommation de carburant, à la fabrication et la fin de vie des navires et des engins, à l’achat de consommables, aux fuites de gaz frigorigènes, à la consommation d’électricité ainsi qu’aux déplacements et à l’alimentation des marins.
Le bilan carbone du secteur de la pêche exclut donc la transformation et la distribution des ressources pêchées en mer. Consulté par des professionnels et relu par une dizaine de chercheurs, le rapport met en lumière « la responsabilité du chalutage de fond d’une part, et des modèles industriels d’autre part, dans les émissions de CO₂ de la flotte française. »
En fonction des techniques et modèles de pêche pratiqués, une forte hétérogénéité ressort de ce bilan : les émissions fluctuent fortement, en particulier avec les navires qui pratiquent le chalutage de fond qui sont « les champions des émissions carbone. » Au moins 46% des émissions de CO₂ de la pêche proviennent de 583 chalutiers de fond (11% de la flotte). C’est l’équivalent de 530 000 tonnes de CO₂e, soit les émissions totales de la communauté d’agglomération de Cannes !
BLOOM brise le silence. Après quatre mois dintimidations et dattaques, Claire Nouvian dénonce la « guerre dusure » menée par les lobbies de la pêche industrielle et appelle à la mobilisation citoyenne. #Environnement https://t.co/udRjQG0XOL
— PLURIELLE INFO (@Plurielleinfo) October 29, 2025
« Le bilan carbone nous éclaire également sur l’écart abyssal qui existe entre les émissions des navires industriels de plus de 24 mètres et celles du reste de la flotte. Les navires de plus de 24 mètres émettent 49% des émissions alors qu’ils ne représentent que 3,7% de la flotte. A l’inverse, les plus petits navires (moins de 12 mètres) pratiquant la pêche aux arts dormants (casiers, lignes, filets) qui composent 73% de la flotte française sont responsables de 14% des émissions du secteur. »
Selon l'ONG Bloom, « les autorités publiques accusent un retard et une déconnexion frappants sur le sujet : la pêche n’est pas intégrée à la Stratégie Nationale Bas-Carbone de la France. » Et de conclure : « L’obstruction de quelques-uns nous enferme donc dans l’antichambre d’un monde durable qui pourrait pourtant être le nôtre. »
Références de l'article :
Bloom, BLOOM publie le premier bilan des émissions carbone de la pêche française
Reporterre, Pêche : 1 % des bateaux responsables de 29 % des émissions du secteur