Ce village français est le premier à devoir se délocaliser face à la montée des eaux !

La montée des eaux liée au réchauffement climatique et les assauts des tempêtes menace la pérennité du village français de Miquelon situé sur l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon.

Miquelon
Le village de Miquelon est particulièrement soumis aux assauts des vagues et de la surcôte lors des tempêtes

Le village de Miquelon, situé sur l'archipel français de Saint-Pierre-et-Miquelon, n'est situé qu'à deux mètres au-dessus du niveau de la mer. Une situation géographique qui l'expose à des aléas climatiques de plus en plus importants.

Un territoire devenant inhabitable

Saint-Pierre-et-Miquelon est un archipel situé dans le golfe du Saint-Laurent, non loin de sa limite avec l'Atlantique, au sud immédiat de l'île de Terre-Neuve. Anciennes colonie, ces îles ont vu leur statut grandement évoluer ces dernières décennies, devenant d'abord un territoire d'outre-mer en 1946, puis un département d'outre-mer en 1976, une collectivité territoriale à statut particulier en 1985 et enfin une collectivité d'outre-mer à partir de 2003.

Ce pays et territoire d'outre-mer, en plus de son statut particulier, est soumis aux assauts répétés des tempêtes et restes d'ouragans, rendant certaines parties de son territoire progressivement inhabitables (ou inassurables) en raison notamment de la houle et de la surcote liées à ces tempêtes, exacerbées par la montée progressive du niveau des océans liée au réchauffement climatique. C'est notamment le cas de Miquelon, un petit village d'environ 630 habitants aux maisons colorées construit en majorité à seulement 2 mètres au-dessus du niveau de la mer.

En 2014 déjà, l'ancien président français François Hollande avait alerté sur le risque que le dérèglement climatique faisait peser à l'archipel et notamment au village de Miquelon. Ainsi, un plan de réduction des risques avait interdit toute nouvelle construction sur le territoire communal, les risques étant trop importants pour les potentiels nouveaux habitants.

Les choses se sont ensuite accélérées, notamment suite au passage de plusieurs tempêtes ayant engendré des inondations et de nombreux dégâts sur la commune. En 2022, le gouvernement local de Franck Detchverry a en effet pris une décision radicale, mettant en œuvre la relocalisation progressive du hameau de Miquelon vers un secteur plus sécurisé de l'île.

Une relocalisation très progressive

Déplacer tout un village, peu importe sa taille, a un coup non-négligeable. Ainsi, pour financer cette opération de grande échelle, le gouvernement français a pu s'appuyer sur le fonds Barnier, permettant à l'état de racheter les maisons menacées par la montée des eaux ou d'autres aléas liés au changement climatique.

Toutefois, ces relocalisations sont pour le moment basées sur le volontariat et environ 50 personnes ont à ce jour accepté de déménager. La commune table en effet sur une relocalisation progressive, de l'ordre de sept à huit maisons par an afin de ne pas brusquer les habitants mais également d'aménager le nouveau village plus sécurisé de Miquelon. Celui-ci sera d'ailleurs équipé d'un abri anti-ouragans.

Comme souvent dans ce type de situation, cette relocalisation ne fait pas l'unanimité chez les Miquelonnais, qui déplorent la perte de l'histoire et de «l'âme » du village de Miquelon. Cet argument est d'ailleurs une des raisons expliquant l'aspect très progressive de la délocalisation, les autorités de la région souhaitant que les habitants bâtissent leurs propres maison, comme le veut l'usage de l'archipel, en utilisant également des matériaux de leurs anciens logements.

Même si celle-ci est loin de réjouir les habitants du secteur, la relocalisation est pourtant nécessaire afin de maintenir leur sécurité. Le village actuel est en effet bien trop exposé à l'assaut des vagues et des vents lors de tempêtes et est d'ailleurs passé très près de la catastrophe en septembre 2022, lorsque l'ouragan Fiona, s'accompagnant de vents jusqu'à 250km/h et de vagues de plus de 5 mètres, a dévasté les côtes canadiennes et notamment celles de Terre-Neuve, à seulement quelques dizaines de kilomètres de l'archipel français.

L'impact d'une telle tempête sur Miquelon aurait pu avoir des conséquences véritablement dramatiques, ce qui explique pourquoi cette relocalisation, même progressive est on ne peut plus nécessaire et pourquoi Miquelon deviendra dans les prochaines années le premier village français à déménager face à la montée des eaux liée au réchauffement climatique.

Référence de l'article :

Dérèglement climatique: Miquelon, en Amérique du Nord, premier village français à déménager face à la montée des eaux, Geo (12/11/2025), Camille Lemaître