Pourquoi la pêche au chalut peut-elle être dangereuse pour l'environnement, mais aussi pour l'économie ?
Comparativement aux autres méthodes de pêche, le chalutage, autrement dit laisser traîner des filets dans les fonds marins, est-elle une technique dangereuse pour l'environnement et l'économie ? Un rapport de l'Institut Agro dénonce ses effets délétères. Que lui reproche-t-on ?

Un rapport scientifique publié par l'Institut Agro le mardi 25 mars évalue l'impact environnemental, économique et social du chalutage par rapport aux autres techniques de pêche. Cette façon de pêcher, en laissant traîner des filets dans l'eau ou sur les fonds marins, aurait en effet un rôle dans l'abrasion des fonds marins, dans la capture d'espèces sensibles ou encore la création d'emplois.
93% de l'abrasion des fonds marins vient du chalutage !
Les chercheurs ayant publié ce rapport expliquent que les chaluts de fonds, qui traînent donc traîner des filets lestés sur le plancher océanique, représentent 12% des 6.200 navires de pêche en France, mais sont responsables à 93% de l'abrasion de la surface des fonds marins ! Au total, 674.000 km² sont raclés chaque année en France, c'est plus que la superficie France-Belgique-Suisse !
Chalutage profond : bientôt plus de poissons #PêcheProfonde pic.twitter.com/7IWRQ1iYJ9
— WWF France (@WWFFrance) November 19, 2014
Un impact énorme sur la biodiversité des fonds marins, confirmé par l'ONG Bloom, qui relaye cette étude et explique même que la pêche au chalut, avec la pêche industrielle, ont toutes les deux la "pire des empreintes" sur toutes les dimensions. Car en plus de l'environnement, la pêche au chalut a également un impact socio-économique.
Si les chalutiers capturent 63% des poissons qui débarquent ensuite sur les côtes françaises puis sur nos étals, ils ne créent que peu d'emplois, contrairement aux petits navires côtiers de moins de 12 mètres. Sur les 9.150 emplois du secteur de la pêche, seulement 35,3% sont dans les chaluts ! Entre les petits navires et les chalutiers, il y a un ratio de 1 à 10 en nombre d'emplois créés à la tonne pêchée !
Y a-t-il un avenir sans le chalutage ?
Pour juguler les effets du chalutage sur l'environnement et l'emploi, ces chercheurs ont imaginé pouvoir transférer une partie des quotas des chalutiers de fonds à des flottilles de pêche plus vertueuses. Au total, sur les 94.280 tonnes de poissons pêchées par les chaluts de moins de 40 mètres, 85% sont transférables à des navires de pêche aux techniques moins invasives.
Avec Défense des Milieux Aquatiques, nous avons lancé une procédure contre la France pour faire cesser le chalutage de fond dans les Aires Marines Protégées (AMP) Natura 2000. pic.twitter.com/whm53dE8Jr
— Environmental Justice Foundation (@ejfoundation) February 11, 2025
Il existe donc bien des alternatives au chalut ! Toutefois, il est important de s'interroger sur les conséquences éventuelles pour le consommateur de l'abandon de cette technique. Les spécialistes estiment que la différence de prix serait minime, quelques centimes d'euros tout au plus, avec un atout non négligeable : une meilleure qualité gustative pour le poisson !
L'ONG Bloom, sur la base de ces constats, appelle à mettre en place des mesures pour accompagner les pêcheurs vers cette transition, une transition que le gouvernement actuel tarde à mettre en place. Le ministère de la Pêche est aujourd'hui sous la responsabilité d'Agnès Pannier-Runacher, également ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt et de la Mer.
Références de l'article :
Institut Agro. Évaluation des performances environnementales, économiques et sociales des flottilles de pêche.