Neige, eau, glaciers : la canicule du début de l'été en France a-t-elle déjà laissé des traces dans les Alpes ?
L'inquiétude est grande en montagne, et notamment dans les Alpes françaises : le début de l'été, caniculaire, a laissé des traces sur le massif. Quels impacts sur la neige, les glaciers et les activités touristiques ?

Et si l'été 2022, surnommé "la fournaise", se répétait ? La canicule du mois de juin a laissé des traces dans les Alpes en France, où la neige manque déjà. Selon les observations des guides et des gardiens de refuge, certains glaciers sont affectés voire en sursis, tout comme les refuges qui en dépendent, mettant en danger toute l'économie locale. Séquence explications.
Glaciers et haute montagne se métamorphosent
Selon Noémie Dagan, gardienne du refuge de la Selle, à 2673 mètres d'altitude dans les Écrins, entre Isère et Hautes-Alpes, "tout a séché" cet été. La fonte de la neige a déjà un mois d'avance sur le calendrier habituel, et le névé qui fournit habituellement en eau son refuge de 60 places avait déjà début juillet l'allure de ce qu'on devrait observer plutôt début août.
La fonte des glaciers vous paraît abstraite, tout comme la fonte de la banquise ? En visualisant cette impressionnante vidéo accélérée, vous ne pourriez plus dire que vous ne saviez pas.
— Dr. Serge Zaka (Dr. Zarge) (@SergeZaka) November 14, 2022
Et ce n'est pas à 3000km. C'est juste à côté. Dans les Alpes.
Bonne visualisation pic.twitter.com/UWRyxvjqxt
Son refuge, comme de nombreux autres dans la région, est dépourvu de citerne et fonctionne à flux tendu : si l'eau manque, il ferme, comme cela s'est déjà produit en août 2023, pendant une autre canicule. Pour s'en sortir, l'eau arrive depuis deux autres captages, dont l'un, "de secours", prélève l'eau d'un glacier à travers un tuyau de plastique d'un kilomètre de long.
L'autre problème, c'est la vulnérabilité des pentes de montagne sur lesquelles le tuyau a été tiré : raides et instables, elles sont de plus en plus exposées aux orages violents plus fréquents. Noémie Dagan le confesse : depuis 15 ans de métier, elle a vu "les glaciers et la haute montagne se métamorphoser". Elle se voit comme une sentinelle ayant vue sur les impacts à venir du réchauffement.
Des névés pas si éternels
Les glaciers sont en quelque sorte les châteaux d'eau des refuges, et certains guides, comme Thomas Boillot, dans les Écrins, n'auraient jamais pensé voir apparaître des problèmes d'eau. Certains névés, auparavant éternels, fondent désormais en été, les précipitations se raréfient et les glaciers changent de forme à mesure qu'ils fondent, jusqu'à parfois s'effondrer, comme récemment en Suisse.
Effondrement d'un glacier dans les Alpes Suisses :
— C dans l'air (@Cdanslair) June 21, 2025
"Tous les scientifiques experts de la montagne disent que l'on va avoir des épisodes de ce type de plus en plus souvent. Les glaciers se rétractent à vitesse grand V. Tout le manteau rocheux se fragilise."@nchateauneuf #cdanlair pic.twitter.com/d2Sjiu0jYc
Les refuges doivent donc se réorganiser pour leur approvisionnement, devant souvent pomper l'eau en contrebas, alors que celle-ci arrivait avant par gravité depuis les réserves de neige et de glace en amont. Selon les scientifiques, le changement climatique dans les Alpes est presque deux fois plus important qu'au niveau mondial, et les glaciers français risquent de disparaître d'ici 2100.
La situation n'est pas meilleure en Suisse, qui compte 1400 glaciers : en cette année 2025, la neige et la glace accumulées ont fondu 5 à 6 semaines plus tôt que d'habitude. Sur le massif du Mont-Blanc, le constat est le même : la canicule a eu un impact "brutal", avec des glaciers désormais complètement à vif, jusqu'à 3700m d'altitude, sans neige par-dessus, alors qu'elle les protège du soleil.
Au-dessus de 3200m, la situation est pire qu'en 2022, avec des glaciers secs comme jamais nous ne l'avions vu. L'inquiétude grandit, par exemple avec l'accélération de la fonte du glacier des Bossons, une gigantesque langue de glace dominant la vallée avant l'entrée de Chamonix. Sa fonte, visible depuis le centre-ville, en fait un symbole et un emblème du réchauffement climatique.
Référence de l'article :
TV5 Monde. Canicule : dans les Alpes, l'eau et la neige manquent déjà.